Vous voyez bien ce que je veux dire!
Selon l’Enquête sur la réussite à l’enseignement collégial réalisée auprès de 30 000 cégépiens en 2021 dans le cadre du chantier sur la réussite, la qualité du français écrit, lors de leur première année, est pitoyable.
Il n’en fallait pas davantage pour que me revienne en mémoire l’argument ultime que mes élèves du secondaire me servaient pour justifier leurs fautes de français : « Mais voyons, monsieur, vous voyez bien ce que je veux dire! » C’est dire jusqu’à quel point ils étaient peu préoccupés par la qualité de leur français écrit et, en corollaire, tous les stratagèmes inimaginables que je devais emprunter pour les amener à respecter les caprices de leur langue maternelle.
Entre autres moyens, je n’ai jamais hésité à ressortir les bonnes vieilles dictées des boules à mites, au grand plaisir des parents. De plus, occasionnellement, les élèves devaient réaliser une courte production écrite sur un sujet de leur choix, et me la remettre le lendemain. Je la corrigeais et ils devaient ensuite procéder à la correction de leurs erreurs. Après tout, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?
Aujourd’hui, avec l’avancement constant des nouvelles technologies dans l’enseignement, le défi des enseignants de français au secondaire est titanesque, les élèves disposant entre autres d’un dictionnaire en ligne et d’un logiciel de correction, tel Antidote. Et, malheureusement, lorsqu’ils arrivent au cégep et qu’ils doivent faire glisser un crayon sur du papier, ils frappent carrément un mur.
Voilà pourquoi les enseignants du secondaire doivent ressortir les dictionnaires et les grammaires des armoires, les dépoussiérer et les remettre à leurs élèves en prenant bien soin de leur donner un petit cours sur l’utilisation de ces manuels de référence… sortis des contes des mille et une nuits aux yeux des élèves.
vigile.quebec tribune libre 15 décemre 2022