Une question alambiquée
Le 20 mai 2020 marquait le quarantième anniversaire du référendum de 1980. À cette occasion, les Québécoises et les Québécois devaient se prononcer en faveur ou contre la question suivante, une question alambiquée qui contient quelque 120 mots :
« Le gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d’en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l’égalité des peuples ; cette entente permettrait au Québec d’acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d’établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l’utilisation de la même monnaie ; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l’accord de la population lors d’un autre référendum ; en conséquence, accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l’entente proposée entre le Québec et le Canada ? »
Placez-vous, virtuellement, dans l’isoloir dans la peau d’un citoyen « ordinaire » en train de lire l’interminable préambule avant de parvenir ultimement à la question à laquelle il doit répondre, à savoir « … accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l’entente proposée entre le Québec et le Canada ? » Croyez-vous sincèrement que l’électeur avait bien saisi toutes les dimensions de l’entente proposée entre le Québec et le Canada? Et, si tel était les cas, un « oui » à la question était-il un « oui » `à la souveraineté du Québec? La réponse est non, c’était un « oui » à la souveraineté-association avec un trait d’union.
Résultats du vote :
% Oui : 40,44 %
% Non : 59,56 %
En réalité, c’est une défaite du « oui » à la souveraineté-association…
Or, la véritable défaite a été signée par Pierre Elliot Trudeau qui est venu crier aux Québécois qu’il mettait son siège en jeu dans ce référendum, lançant l’idée du fédéralisme renouvelé dans lequel le Québec aurait sa juste place…On connaît la suite, la nuit des longs couteaux a donné naissance au rapatriement unilatéral de la Constitution en l’absence du Québec
En termes clairs, le référendum de 1980 est un rendez-vous manqué sur toute la ligne. Non seulement le « non » à la souveraineté-association du Québec avec Ottawa l’a-t-il emporté avec une confortable avance, mais « les belles paroles » de Trudeau se sont évaporées au profit d’un fédéralisme davantage centralisateur.
vigile.quebec tribune libre 22 mai 2020