Un coup d’épée dans l’eau?

Le congédiement de onze enseignants de l’école Bedford en octobre 2024 pour avoir contribué à créer un climat toxique à l’école en lien notamment avec certaines matières peu ou pas enseignées, la négation des troubles d’apprentissage ou l’autisme, des cris et des techniques basées sur l’humiliation, l’obstruction des fenêtres» pour éviter la surveillance auront déclenché un mouvement de panique qui a conduit à la création d’un comité restreint de deux «accompagnateurs indépendants» qui ont été dépêchés par le ministère de l’Éducation et qui recommandent, entre autres, que tous les enseignants soient soumis à une «évaluation formative» par leur direction d’école tous les deux ans.

À cet effet, je m’interroge sérieusement sur l’origine de l’élément déclencheur de cette proposition. En un mot, ne sommes-nous pas placés en présence d’une souris qui accouche d’un éléphant? En réalité, les signataires de cette proposition partent d’un fait isolé pour appliquer un correctif à l’ensemble des enseignants du Québec, un constat qui m’amène à penser que la proposition reliée à l’évaluation de tous les enseignants risque de se transformer en un coup d’épée dans l’eau.

Les velléités d’établir une politique d’évaluation de tous les enseignants n’est pas nouvelle, plusieurs tentatives ont déjà été mises de l’avant, sans succès. Par ailleurs, la saga de l’école Bedford n’aurait pas dû avoir lieu, les comportements marginaux de certains enseignants d’origine maghrébine étaient connus depuis des mois, voire des années et, de facto, la direction de l’école bénéficiait de tous les éléments pour intervenir rapidement et efficacement contre ces enseignants…ce qui n’a manifestement pas été fait.

Si certains acteurs du monde de l’éducation désirent à tout prix relancer l’idée d’une politique d’évaluation de tous les enseignants, il m’apparaîtrait souhaitable, voire davantage pertinent, de partir sur des bases positives reposant sur des données probantes en didactique de l’enseignement. Dès lors, peut-être que le débat entre tous les intervenants du milieu éducatif, y compris les syndicats, pourrait permettre de progresser à petits pas dans ce chantier à multiples obstacles, mais combien emballant!

vigile.net tribune libre 16 février 2025

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