Silence radio à la suite d’appels à l’aide

Des courriels soumis en preuve à la coroner Géhane Kamel par Annick Lavoie, directrice de l'Association des établissements privés conventionnés (AEPC), témoignaient déjà, dès la mi-mars 2020, du désespoir et des embûches éprouvés par les membres de l'Association durant la première vague de la pandémie. En désespoir de cause et devant le mutisme du ministère de la Santé, madame Lavoie évoque pour la première fois le danger d’assister à une « hécatombe » dans les CHSLD du Québec.

À la question de la coroner à savoir « pourquoi ses appels répétés n'ont-ils pas été entendus en hauts lieux? », Mme Lavoie dit ne pas avoir de réponse à ce jour. Et pourtant, « les propriétaires gestionnaires des établissements privés conventionnés sont sur le terrain [...], il n'y avait pas quelqu'un de plus branché qu'eux autres», lance-t-elle.

Ces courriels révèlent, entre autres, que le MSSS a manifestement tardé à agir, malgré les demandes répétées d'aide urgente de la part des gestionnaires eu égard au manque d’équipement de protection, aux transferts de patients des hôpitaux vers les CHSLD, aux déplacements de personnel entre les établissements et aux ruptures de services en raison du manque d'employés.

En août 2020, le gouvernement Legault a confié à la commissaire à la santé et au bien-être le mandat d’évaluer la performance du système de santé durant la pandémie, en particulier l’offre de soins et de services aux aînés. La commissaire Joanne Castonguay a déposé début septembre un rapport préliminaire et son rapport final est attendu à la fin du mois. En ce qui a trait à l'enquête de la coroner, cette dernière entendra en janvier prochain de nouveaux témoins et n'écarte pas la possibilité de réentendre certains témoins.

Nonobstant le travail essentiel de Mmes Castonguay et Kamel, je demeure convaincu que des questions vont demeurer en suspens. Conséquemment, seule une enquête publique fera toute la lumière sur l’hécatombe dans les CHSLD lors de la première vague de la pandémie. C’est une question de dignité humaine pour les quelque 4000 personnes âgées décédées dans des circonstances tragiques dans les CHSLD du Québec au printemps 2020 à laquelle le gouvernement de François Legault ne peut se soustraire.

vigile.quebec tribune libre 8 décembre 2021

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