Rendez-vous manqué avec notre histoire
« Que de pauvres gens émasculés de tout sens national, habitués à encaisser les affronts comme d’autres les récompenses, les coups de pied comme d’autres les caresses, se permettent de trouver ces griefs de peu d’importance, après tout, libre à eux, mais pour l’amour du ciel, qu’ils n’essaient pas d’imposer leur tempérament d’esclaves à ceux qui ont une autre notion de la liberté, de la dignité et de la fierté. » Lionel Groulx
Le billet signé par Hubert Larocque dans la rubrique Carrefour de cyberpresse,ca le 17 décembre sous le titre L'histoire : une addition de faits ou le récit des Québécois? révèle de façon percutante que « nous ne voyons plus que nous sommes les fondateurs et les maîtres du pays et [que] nous n'avons plus la lucidité et la force de nous affranchir de ce qui s'y oppose…C'est l'histoire qui nous enseigne comment nous en sommes arrivés à ce point de délabrement national et qui nous indiquerait, si elle était convenablement enseignée, les voies d'un redressement ».
Or, comme « nos chefs, même les plus estimés, n'étaient et ne sont toujours que des «demi-fédéralistes» à la conscience divisée et opportuniste », le Québec a manqué son rendez-vous avec son histoire, écrite par des historiens qui « nagent dans une grande incohérence par le fait qu'ils prétendent écrire une histoire en soi, objective, alors que celle-ci est toujours l'histoire d'un peuple et que, si elle n'est pas la nôtre, elle est au service de la vision et des intérêts adverses du Canada. »
Au moment où le ministère de l’Éducation s’apprête à reformuler le contenu du cours d’histoire nationale, nombreux sont les intervenants qui montent aux barricades pour dénoncer un contenu qu’ils jugent « trop politique »
Et, de poursuivre M. Larocque, « Le matin de sa première «victoire», en 1976, si le PQ avait compris ce qu'était l'indépendance, il serait arrivé au pouvoir avec, en main, un jeu complet de manuels d'une authentique histoire du Québec et, comme premier acte, en aurait imposé l'étude complète et non édulcorée dans toutes les écoles du Québec. Une fois posées les bases d'une connaissance et d'une conscience nationales réellement décolonisées, tout le reste serait devenu possible. »
Espérons que les concepteurs du nouveau programme d’histoire nationale au secondaire contribueront à inculquer à notre jeunesse « les bases d'une connaissance et d'une conscience nationales réellement décolonisées » et à faire en sorte que nos jeunes ne manquent pas à leur tour leur « rendez-vous » avec notre histoire!
quebechebdo 19 décembre 2013