Ras-le-bol de le la cassette à Beauchamp
Lorsque Line Beauchamp a été nommée ministre de l’Éducation, je dois vous avouer que j’ai fondé des espoirs en cette femme qui me semblait incarner un certain renouveau « humanisant » dans ce secteur qui a tellement besoin d’établir un dialogue entre les divers intervenants de l’Éducation, y compris les étudiants.
Toutefois, depuis le début de sa nomination, sa position sur certains dossiers, en particulier sur celui de la contestation étudiante vis-à-vis la hausse des droits de scolarité, me laisse à penser que Line Beauchamp a troqué son franc parler pour la langue de bois. À cet effet, je vous cite un extrait d’un article du médecin Alain Vadeboncoeur, paru dans la chronique « Opinion » du Devoir du 14 avril sous le titre « Sous les pavés, la grève » :
« Vous avez changé depuis l’époque où, directrice générale de la radio CIBL, la langue de bois n’était pas votre marque de commerce. Et en répétant encore mille fois que c’est un boycott, vous ne réglerez rien de plus. Ni d’ailleurs en répétant les mots des juges et en vous enfermant dans la rhétorique des droits individuels. »
Pour quelqu’un qui avait la réputation de ne pas avoir la langue dans sa poche, j’ai l’impression que Line Beauchamp a maintenant sorti la cassette de sa poche. En effet, depuis le début du conflit qui l’oppose avec les étudiants, j’ai l’impression que la ministre répète inlassablement les mêmes ritournelles à la manière d’un répondeur électronique, le visage « de marbre » et le regard livide.
En choisissant de plonger en politique, quelles étaient les profondes convictions de Mme Beauchamp ? J’ai cru, pour un certain temps, qu’elle souhaitait une meilleure justice sociale comme en fait foi cet autre extrait de M. Vadeboncoeur :
« Si vos convictions de jeunesse sont toujours vivantes, agissez. Parlez aux étudiants, écoutez-les, négociez. C’est votre devoir. Représentez-les. Élue à l’Assemblée nationale, si vous croyez encore à l’importance de votre rôle politique, élevez-vous au-dessus de la ligne de front, essayez de comprendre ce qui vous rapproche, au-delà de ce qui vous confronte. Les étudiants sont ce que nous étions hier ; ils seront demain ce que nous sommes aujourd’hui… »
Line Beauchamp est maintenant confrontée à un dilemme… ou elle change le contenu de sa cassette pour enfin s’asseoir avec les étudiants, ou elle démissionne. Comme le dit Alain Vadeboncoeur, « Si vous ne le voyez pas, il est temps de laisser votre place. D’autres que vous traceront le chemin de la réconciliation. »
En terminant, je vous laisse sur un blogue que j’ai lu récemment et qui m’apparaît fort révélateur du mouvement suscité par les revendications étudiantes :
« Un peuple visionnaire investit dans la jeunesse, lui ouvre toutes les portes du savoir et empoche ensuite une contribution sociale supérieure par le biais des impôts. Un petit peuple prétend que chacun doit payer sa part et bloque ainsi l’avenir de jeunes brillants qui ont le malheur d’être peu fortunés. On prétend les aider par des prêts, un fardeau improductif qui enrichira les grands argentiers. Les bourses resteront rares pour le commun des étudiants. Comment un gouvernement peut-il traiter la jeunesse avec autant de condescendance ? Les étudiants qui prennent d’assaut les rues revendiquent un pacte de l’éducation différent et non le statu quo. Et ce nouveau pacte est la gratuité scolaire à tous les niveaux : primaire, secondaire, collégial et universitaire. Pour un avenir meilleur, il faut maximiser l’investissement dans le savoir pour tous. »
vigile.net tribune libre 14 avril 2012