Pour une école où l’enseignant retrouve ses lettres de noblesse

Réaction au texte de Robert Poupart et Jean Gadbois publié dans Le Devoir du 31 décembre 2022 sous le titre "Alerte à la complaisance organisée et à la négligence scolaire" dans la rubrique "Idées".

En lisant attentivement ce texte d'opinion, je n'ai pu que constater la pertinence des "lacunes" relevées par les auteurs eu égard à notre système d'éducation réformé, faut-il le rappeler, au début des années 2000. À ce moment-là, le Québec, via son ministère de l’Éducation, entreprend de mettre de l’avant une réforme en profondeur, donc à donner une autre forme à l’acte pédagogique. Devant certaines réticences provenant particulièrement du milieu de l’enseignement, les réformateurs brandissent la sempiternelle résistance au changement, tuant ainsi dans l’œuf toute possibilité de contestation. Dorénavant, prétendent ces réformateurs "visionnaires", l’apprenant sera le maître d’œuvre de sa formation, appuyé en cela par un professeur dont le rôle principal sera de guider l’élève vers les sources de la connaissance.

Comme l'écrivent fort à propos les auteurs, "Un courant issu des nouvelles pédagogies, le socioconstructivisme, prive les élèves d’importants savoirs de base pourtant nécessaires à leur apprentissage. Cette "démarche stratégique d’enseignement au primaire et au secondaire (DSEPS)", adoptée en accord avec le programme du ministère de l’Éducation, « ne repose pas sur la transmission de connaissances (notions), mais sur l’aide à l’apprentissage". En réalité, cette approche consacre sans vergogne le rôle d'animateur de l'enseignant.

Comme le disait Alain Finkielkraut dans son livre intitulé L’ingratitude; conversation sur notre temps, publié en 1999 chez Québec Amérique, "Instruire, c’était introduire l’élève à ce qui le dépasse. On raisonne aujourd’hui "comme si le moi avait assisté à la création du monde. Rien ne dépasse, chacun est sujet, c’est-à-dire roi. Et l’actuelle exigence de mettre l’enfant au centre du système éducatif, comme si autrefois on y mettait des lampadaires ou des pots de fleurs, vise, en réalité, à remplacer l’obligation faite à l’élève d’écouter le professeur par l’ordre d’écouter les jeunes intimé aux animateurs du primaire et du secondaire".

En conclusion, quelles que soient les stratégies d’apprentissage proposées, elles devront d’abord viser une meilleure communication des connaissances auprès des élèves, soit les "apprenants". En conséquence, j'endosse sans réserve la démarche des auteurs auprès du Potecteur du citoyen du Québec pour que les enseignants retrouvent leurs lettres de noblesse et contribue ainsi au développement des capacités intellectuelles des jeunes du Québec.

vigile.quebec tribune libre 5 janvier 2023
 

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