Plonger dans l’enseignement sans expérience
J’ai lu avec beaucoup d’attention le billet de Marco Fortier dans Le Devoir du 2 mars sous le titre accrocheur « Mais pourquoi l’école ? » : le cri du coeur d’un « prof qui n’en était pas un ». On y apprend que Simon Bucci-Wheaton, sans aucune expérience dans l’enseignement, est devenu, du jour au lendemain, l’enseignant et le titulaire d’un groupe de sixième année.
Tout au long des quatre années pendant lesquelles il a occupé la fonction d’enseignant, M. Bucci-Wheaton a accumulé des notes sur les bons et les moins bons aléas auxquels il a fait face pour finalement aboutir à la parution d’un livre intitulé Mais pourquoi l’école ? Questions et réflexions d’un prof qui n’en était pas un.
Parmi ses réflexions, j’en ai retenu une qui a particulièrement attiré mon intérêt, à savoir le « désintérêt » d’une bonne partie des parents pour l’éducation de leurs enfants. Il a constaté que des parents ne faisaient aucun suivi à ses messages les prévenant des lacunes importantes de leur enfant. Certains vont même blâmer l’enseignant s’il les informe du manque d’effort de leur enfant en classe. Et l’enseignant : « Il n’y a pas de cadre à la maison. On abandonne les enfants un peu à eux-mêmes et on voit ce que ça donne en classe : des difficultés d’apprentissage reliées à des troubles de comportement. »
Depuis déjà plusieurs décennies, l’école est devenue petit à petit le réceptacle d’un glissement de l’éducation des enfants qui doit être exercée par les parents à la maison, un phénomène qui s’est accentué à partir du moment où les deux parents se sont mis à travailler à l’extérieur de la maison. Une situation familiale qui a donné naissance à une forme de démission de la part des parents eu égard au sens de l’effort qu’ils auraient dû inculquer à leurs enfants en tant que valeur fondamentale dans le chemin qui les conduira au monde du travail. Conséquemment, il m’apparaît essentiel, voire primordial, que les parents se montrent exigeants en ce qui a trait à la réalisation des travaux scolaires à la maison et collaborent étroitement avec les enseignants de leur enfant.
Le Devoir 19 mars 2024