Où s’en va l’école québécoise?

L'école a complètement changé de face au cours des dernières décennies. Il y a à peine 60 ans, l'éducation était synonyme d'autorité et le corps professoral, majoritairement composé de religieux, y exerçait un contrôle absolu. Le vouvoiement, les coups de règles, le port d'uniforme faisaient partie de la vie étudiante quotidienne. Les filles et les garçons ne fréquentaient pas les mêmes écoles et seuls les enfants provenant d'une famille aisée pouvaient espérer poursuivre leurs études. Il en découlait un taux peu élevé de fréquentation scolaire causant une sous-scolarisation importante d'une société pour qui l'instruction n'était pas ancrée dans les mœurs.

Au début des années 60, les valeurs de la société changent ainsi que les besoins. Une réforme scolaire s'impose. Le gouvernement provincial l'initie en créant la Commission royale d'enquête sur l'enseignement, appelée commission Parent, du nom de son président, Mgr Alphonse-Marie Parent, professeur à l'Université Laval. En 1964, le rapport Parent sur l'éducation au Québec vient bouleverser cette chasse gardée qu'est l'école qui se veut dorénavant ouverte à tous les jeunes Québécois.

Depuis lors, « l’école pour tous » a-t-elle su s’adapter à cette nouvelle réalité? Force est de constater les ratés du système d’éducation pour bon nombre de jeunes, ceux-là mêmes qui étaient exclus de l’école avant le rapport Parent. La notion de « décrocheurs » faisait son apparition. Or, pour pallier cette carence, d’innombrables réformes ont envahi les approches pédagogiques et les grilles de matières qui ont vu leur nombre s’accroître au détriment, il faut bien l’admettre, des matières dites de base, notamment le français et les mathématiques.

Aujourd’hui, trois personnalités publiques proposent de recréer l’école « milieu de vie », un leitmotiv qui a fait les beaux jours de l’école d’une certaine époque. Grand bien leur fasse! Toutefois, à mes yeux, dans tout ce branle-bas scolaire, l’école devrait retrouver ses lettres de noblesse, à savoir la communication de connaissances à travers une pédagogie adaptée à la clientèle actuelle, à défaut de quoi elle risque de continuer de s’embourber dans de sempiternelles réformes vouées à l’échec. 

vigile.net tribune libre 26 décembre 2017

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