Où en est le débat sur la place publique au Québec?
Lors de la dernière émission de la saison du Monde à l’envers le 28 avril, on apprenait que, selon un sondage non-scientifique, les Québécois pensent que nous ne savons pas débattre dans une très large proportion.
Je dois avouer que ma première réaction est loin d’avoir été une surprise. À cet effet, partons de deux microcosmes fort bien bien connus, soit l’Assemblée nationale et les médias sociaux, Transportons-nous à la période de questions au Salon bleu. Partant d’une question d’un député à un autre, suivons sa trajectoire. Très rapidement, elle va dévier sur la personne qui a posé la question pour finalement aboutir à une question sans réponse. Le débat d’origine se transforme en attaque personnelle à tel point que la question d’origine a rejoint la nuée des temps.
Allons maintenant du côté des médias sociaux. Très rapidement là aussi, nous aboutirons à une conclusion du type « cette personne pense comme ça, donc elle est conne ».Comme l’idée de la personne qui l’exprime ne correspond pas à celle de son vis-à-vis, celle qui a posé la question est automatiquement substituée à son idée.
Dans ces deux cas, on est à mille lieues du débat qui présuppose que chacun des interlocuteurs doit respecter la position de l’autre même s’il ne la partage pas. Débattre, c’est aussi et surtout s’en tenir au sujet du débat et éviter de le personnifier. Débattre, c’est reconnaître le droit à son interlocuteur d’exprimer sa position sans l’interrompre continuellement.
Je ne prétends pas, dans ce texte, qu’il n’y a aucune tribune sur la place publique au Québec où le véritable débat est possible. Toutefois, force est de constater que quelques tribunes, comme certaines stations radiophoniques, par exemple, ont du chemin à parcourir avant d’en arriver à engendrer un véritable débat avec leurs auditeurs!
vigile.quebec tribune libre 4 mai 2023
Le Devoir 5 mai 2023