Mon prix orange à Géhane Kamel
Si je devais attribuer une qualité dominante chez la coroner Géhane Kamel, ce serait sans aucune hésitation son humanisme. Géhane Kamel ne se laisse pas distraire par les procédures, seule la vérité sur les circonstances de son enquête prévalent à ses yeux, peu importe le chemin qu’il faut emprunter pour y parvenir.
D’entrée de jeu, dans le dossier délicat de l’hécatombe dans les CHSLD lors de la première vague de la pandémie en mars 2020, elle a rappelé que la moitié des décès attribués à la COVID-19 étaient survenus dans ce type d’établissement, et qu’ils s’étaient produits « dans des conditions parfois déplorables, négligentes, voire inhumaines ». Aux yeux de Géhane Kamel, « une enquête du coroner n’est pas une recherche de coupables, mais de la vérité. Et cette vérité-là, on doit la sortir de la bureaucratie, de l’indifférence, de la déresponsabilisation. »
Depuis les tout débuts de son enquête, les milliers de familles éplorées par l’hécatombe dans les CHSLD en ont toujours constitué la trame conductrice. Aujourd’hui, même si l’enquête demeure inachevée, les proches qui ont perdu un être cher dans des circonstances souvent atroces peuvent ressentir un certain sentiment de soulagement au fur et à mesure où les révélations confirment les circonstances inhumaines dans lesquelles ces personnes âgées ont été confrontées.
Avant de retourner aux études pour faire son droit, Géhane Kamel a œuvré pendant 17 ans à titre d’éducatrice spécialisée dans des centres jeunesse. Cette expérience de vie lui aura sans doute préparé le chemin pour parvenir aujourd’hui là où l’humanité est l’assise de toute démarche, et non pas un choix.
vigile.quebec tribune libre 30 décembre 2021