Méfions-nous du nivellement par le bas

Dans la foulée des écueils semés par la pénurie d’enseignants, deux scénarios ont été déposés sur la table dernièrement, soit d’éliminer la sixième année du primaire et répartir le curriculum de la sixième année entre la cinquième et la première secondaire, et de réduire le baccalauréat en éducation de quatre à trois ans.

Dans ces deux scénarios, deux questions me turlupinent les méninges. Primo, en vertu de quel argumentaire les curriculum de cinquième année du primaire et de la première secondaire pourraient-ils absorber celui de sixième? En termes clairs, est-ce à dire que les contenus de cours de cinquième année et de la première secondaire sont insuffisants? Secundo, si le bac en éducation peut être réduit de quatre à trois ans, peut-on en conclure que des éléments du curriculum sont inutiles?

À ma connaissance, ni dans un cas ni dans l’autre des voix se sont élevées au cours de ces dernières années pour apporter de telles proposions. Or, là où le bât blesse dangereusement concerne le nivellement par le bas qu’elles drainent dans leur sillon. En réalité, en voulant, par ces propositions, pallier un tant soit peu la pénurie d’enseignants, ce sont des cohortes d’élèves et d’étudiants qui risquent de se voir pénalisées.

Soyons clairs, la pénurie d’enseignants ne se réglera pas par des mesures à courte vue. Le problème trouve sa source particulièrement dans le manque d’attractivité de la profession étroitement liée à la lourdeur de la tâche, et rien dans ces scénarios ne vient un tant soit peu pallier de quelque façon cette lourdeur. Actuellement, le ministère de l’Éducation (MEQ) tente par tous les moyens d’éteindre l’incendie alors que ses efforts devraient être concentrés sur la prévention des incendies.

vigile.quebec tribune libre 17 septembre 2023
 

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