L’humour dans tous ses états
Depuis les événements qui ont entouré l’affaire Rozon, le monde de l’humour est perturbé par toutes sortes de perceptions qui sont véhiculées sur le rôle des humoristes dont la mission première a pourtant toujours consisté à faire rire le public.
Or, aux dires de Julie Dufort, professeure du cours «Humour et société» à l'École nationale de l'humour, rien n'empêche un humoriste d'être engagé dans la société et de remplir sa profession. «On est loin de faire juste une blague en faisant l'humour. On fait bien plus que ça quand on rit de Gilbert Rozon, par exemple. On fait bien plus que générer des rires quand on fait une blague sur les différences entre les hommes et les femmes», explique-t-elle.
Toutefois, il m’apparaît essentiel de consulter aussi le spectateur sur ses attentes lorsqu’il paie son billet pour assister au spectacle d’un (une) humoriste. Jusqu’où tolèrera-t-il la mesquinerie d’un humoriste eu égard à des personnes souffrant d’un handicap physique ou ayant subi une agression sexuelle? Des « blagues » qui, à mes yeux, dépassent les bornes de l’éthique.
En bref, quoique conscient que l’humoriste vive dans une société ouverte aux situations touchant l’actualité, notamment dans les médias sociaux, je demeure perplexe sur les attaques personnelles étalées par certains humoristes comme appât, une manœuvre qui outrepasse dangereusement les limites d’un humour respectueux des personnes visées dans leur monologue.
Le Journal de Québec 15 décembre 2017
vigile.net tribune libre 17 décembre 2017 "L'humour québécois dans tous ses états"