L’étymologie à la défense de l’orthographe
Dans la foulée de la nouvelle branche de la rubrique Point de vue, Point de langue, j’ai cru pertinent de remettre les pendules à l’heure eu égard à l’étymologie des mots, le déclencheur de ma réflexion émanant de l’article de Mireille Elchacar sous le titre Et si l’on dépassait les idées reçues sur l’orthographe?
Depuis des siècles, de nombreux projets de réformes de l’orthographe française ont été proposés dans le but, notamment, de simplifier la graphie des mots. Or, nonobstant l’intention louable de ces réformes orthographiques, on semble oublier que la très grande majorité des mots français tirent leur origine et, par conséquent leur racine du latin.
À en juger l’orthographe de certains mots que plusieurs qualifient d’inutilement compliqué, une tendance à la simplification entre directement en conflit avec l’étymologie des mots. Ainsi en est-il du chiffre «sept» qui conserve le «p» en français compte tenu de son origine latine «septem», et des adjectifs «innombrable» et «inopportun» qui pour l’un redouble le «n» sous l’effet de la proposition latine «in» et de la première lettre de la racine et pour l’autre, conserve la préposition «in» latine suivie de la racine commençant par une voyelle.
Selon Larousse, l’étymologie est la «science qui a pour objet la recherche de l'origine des mots d'une langue donnée, et la reconstitution de l'ascendance de ces mots.» En conséquence, l’étymologie va au-delà de l’origine des mots, elle reconstitue l’ascendance des mots, d’où la nécessité de reproduire fidèlement la graphie latine, à défaut de quoi le mot français se verra littéralement déraciné.
En terminant, je suis d’avis qu’une période d’étymologie par cycle soit intégrée au cours de français au premier cycle du secondaire dans le but de conscientiser les élèves sur les phénomènes orthographiques agissant sur les mots français et, de ce fait, les amener à démystifier ce que certains spécialistes qualifient à tort d’ orthographe «capricieuse».
vigile.quebec tribune libre 25 août 2024
Le Devoir 27 août 2024