Lettre ouverte à Jean-Martin Aussant

Le 7 juin 2011, vous annonciez votre départ du PQ en ces termes : « Le projet de loi 204 n'est pas la raison de mon départ, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase… Ce qui me déçoit, c'est que la direction du parti qui est le mien semble avoir fait le même choix politique que celle du gouvernement, comme si ça nous permettait de jouer à armes égales. C'est là que je ne m'y reconnais plus… Mme Marois devrait penser à la cause de la souveraineté d'abord. Je suis convaincu qu'elle ferait une meilleure première ministre que Jean Charest, mais au Parti québécois quand on prend le pouvoir c'est pour faire la souveraineté. [...] Mme Marois actuellement n'a pas assez de tirant auprès de la population pour faire un référendum gagnant.»

Or, compte tenu du résultat désastreux du Parti québécois lors du scrutin du 7 avril, il semble bien que vos présomptions se sont avérées fondées et que « Mme Marois n'a pas [eu] assez de tirant auprès de la population pour faire un référendum gagnant.»

En souverainiste convaincu que vous êtes, je suis convaincu que les résultats désastreux du 7 avril concernant la cause indépendantiste du Québec, que ce soit la piètre performance du PQ ou l’état moribond d’ON depuis votre départ de la direction de ce nouveau parti, ne sont pas sans vous créer des sentiments de déception et de frustration.

Par ailleurs, au moment où les forces indépendantistes se doivent de se mobiliser autour de la cause et que la scène économique prend de plus en plus de place sur l’échiquier politique québécois, votre expertise en ce domaine revêt un caractère primordial quant à la suite des choses.

Sur un autre plan, compte tenu des révélations troublantes des enquêtes de l’UPAC et des travaux en cours de la commission Charbonneau concernant des accrocs scandaleux à l’intégrité des personnages politiques, il m’apparaît évident que votre présence dans le débat qui s’amorce sur l’avenir du Québec ne pourra qu’assainir le climat politique québécois.

Conséquemment, M. Aussant, je vous demande instamment de reconsidérer votre décision de vous retirer complètement de la vie politique et d’offrir vos services là où bon vous semble et à quelque niveau que ce soit, pour autant que votre implication puisse servir à l’examen de conscience indispensable des principaux intervenants appelés à proposer les avenues qui doivent être explorées.

La table est mise pour une profonde réflexion sur l’avenir de la cause indépendantiste au Québec. Vous représentez un atout indiscutable dans les débats qui s’amorcent… Il serait fort dommage que les partisans indépendantistes soient privés de votre expertise et de votre intégrité.
 

quebechebdo 13 avril 2014
vigile.net tribune libre 14 avril 2014 (version abrégée)

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