L’éléphant dans la pièce

Comme il fallait s’y attendre, la rentrée parlementaire à Québec a été perturbée par le spectre des velléités de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25% sur les exportations canadiennes et, par ricochet, par la priorisation de mettre de l’avant un plan stratégique du gouvernement pour faire face à ces menaces.

Parmi ses priorités, François Legault propose de devancer la renégociation de l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) prévue pour 2026, alléguant que les menaces de Trump ralentissent déjà les projets d’investissements au Québec. «J’aimerais voir la renégociation de l’accord le plus tôt possible», a-t-il affirmé lors d’un point de presse, car jusqu’à ce que nous ayons cette renégociation, il y aura une certaine incertitude. Et j’ai constaté lorsque j’étais en affaires que l’incertitude est aussi pire qu’une mauvaise nouvelle».

Sur un autre plan, Québec prépare déjà un plan d’aide destiné aux entreprises et aux citoyens, François Legault réitérant sa demande pour que le Canada adopte un «Buy Canada Act» visant à répliquer au Buy America Act. «On peut très bien mettre en place des pénalités pour les entreprises américaines qui voudraient soumissionner dans certains contrats», argue le premier ministre.

Or dans cette foulée, je demeure sceptique sur la pertinence de répliquer du tac au tac au géant américain. En effet, en forçant les Américains à payer 25% plus cher pour nos produits, Trump pénalise ses industries et sa population. De ce fait, une réplique identique de la part des dirigeants canadiens, et forcément québécois, risque de nuire à notre propre compétitivité et de diminuer notre pouvoir d'achat, la mission première de nos gouvernements n’étant pas de sévir contre Trump pour ses élucubrations, mais plutôt de protéger et de promouvoir les intérêts économiques des Canadiens et de leurs entreprises.

Donald Trump incarne sans l’ombre d’un doute un personnage imprévisible. À cet effet, des rumeurs circulent dans les officines du président à l’effet que l’échéance du 1er février pour le début des tarifs douaniers soit reportée au 1er avril. En attendant, il faut condamner vivement toute approche vindicative envers l’éléphant dans la pièce qui, jusqu’à nouvel ordre, en est encore à ses premiers barrissements.

vigile.quebec tribune libre 30 janvier 2025

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