L’école, un service essentiel?
Les enfants ayant fait leur entrée en première année en septembre 2019 s’approchent de la fin de leur parcours primaire en n’ayant pratiquement pas connu d’année scolaire standard. Les mesures sanitaires ont forcé la fermeture des écoles, des catastrophes naturelles ont entraîné d’autres journées sans classe et maintenant le conflit de travail dans le secteur public prive les enfants d’apprentissages.
«On n’a pas de services essentiels en éducation et c’est une catastrophe pour les enfants», plaide le pédiatre Gilles Julien en parlant des graves conséquences sur leur développement. S’il considère la grève des enseignants comme étant «bien justifiée», le pédiatre social en appelle tout de même à une sérieuse réflexion sur l’ajout de l’école à la liste des services essentiels. Il dit craindre la démotivation des enfants et des conséquences à long terme pouvant ultimement mener à des décrochages qui auraient pu être évités.
Par ailleurs, il est indéniable qu’une telle argumentation remet en question le droit de grève des enseignants. Or, nonobstant le fait que les hôpitaux soient considérés comme un service essentiel, le personnel syndiqué bénéficie du droit de grève. Dans cette foulée, je verrais très bien les enseignants bénéficier de grèves rotatives sectorielles de deux ou trois jours, et ainsi atténuer grandement les effets collatéraux de l’absentéisme occasionnel des enseignants qui pourrait être comblé par un suppléant.
Selon le pédiatre Gilles Julien, la fermeture des écoles débouche sur d’importantes conséquences sur la santé des jeunes. Conséquemment, il réclame que l’école soit reconnue comme un service essentiel qui, par définition, doit répondre aux exigences indispensables de la vie collective et de la dignité humaine, et servir l’intérêt général.
Le Soleil (version numérique) le 15 décembre 2023
Le Devoir le 15 décembre 2023