L’école d’autrefois
Lorsque je suis entré à l’école pour la première fois en septembre 1954, j’ai été frappé par le calme qui y régnait malgré le grand nombre de nouveaux élèves qui s’y trouvaient. J’ai ressenti un climat quasi religieux semblable à celui qui m’imprégnait lorsque mon père nous amenait faire notre pèlerinage annuel à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré.
Je savais que l’école était un lieu d’apprentissage et que je devais conserver toute mon attention dans la classe pour profiter de toutes les connaissances de notre enseignante. Le silence était érigé en principe sacré dans la classe, et malheur à celui qui y dérogeait qui devenait de facto susceptible d’écoper d’une sanction exemplaire.
Lorsque je franchissais la porte de l’école, je me sentais dans un autre monde à l’écart des soubresauts de la société. Aujourd’hui, le «sanctuaire» scolaire a disparu, envahi par le monde extérieur. L’école a perdu ses lettres de noblesse au profit d’un lieu où l’apprentissage a fait place prioritairement au bien-être des élèves vers qui l’enseignant dirige toute son attention, un changement de paradigme qui en est venu à dénaturer le rôle premier de l’école, à savoir la communication des connaissances à des apprenants.
En écrivant ces mots, mon intention n’est pas de verser dans une mélancolie pernicieuse mais plutôt de nous interroger sur les effets collatéraux engendrés par le chemin qui nous a conduits à un changement aussi draconien eu égard au rôle de l’école. À mon avis, il est impérieux de recentrer l’école sur sa vocation première et de replacer l’élève dans un cadre où sont placés en priorité le sens de l’effort et la rigueur intellectuelle indispensables à un sain climat d’apprentissage.
vigile.quebec tribune libre 6 juin 2024