Le vouvoiement n’est pas la panacée à l’irrespect
Avec le début des classes dans les écoles du Québec, il est une question qui revient sur toutes les lèvres comme un leitmotiv à chaque rentrée scolaire à savoir «devons-nous exiger le vouvoiement de la part des élèves envers le personnel enseignant?»
À cet effet, le vouvoiement a toujours été associé à une marque de respect envers la personne à qui on s’adresse, voire la panacée aux problèmes liés au manque de respect de certains élèves envers leurs enseignants, une assertion à laquelle je me rallie mais avec une certaine réserve.Tout d’abord, il m’apparaît primordial de faire une mise au point. À mes yeux, le respect ne s’exige pas par des «vous», il se gagne avec le temps. Je demeure convaincu que le respect ne s’impose pas de droit, mais qu’il s’acquiert dans une attitude respectueuse des personnes humaines que nous côtoyons, peu importe leur âge et leur statut. En termes clairs, l’enseignant gagnera le respect de ses élèves pour autant qu’il leur rend la pareille. Par ailleurs, il est utopique de croire qu’un professeur qui exige le vouvoiement gagnera de facto le respect de ses élèves.
J’ai toujours vouvoyé mes parents, mes enfants me tutoient et ma petite-fille tutoie ses grands-parents et cela dans un respect mutuel. Lorsque j’étais enseignant, la plupart de mes élèves me demandaient s’ils devaient me tutoyer ou me vouvoyer. Je leur répondais que je n’avais pas de préférence à cet égard pour autant que le respect s’établisse entre nous.
En bref, si nous fabulons sur l’effet magique du vouvoiement, nous risquons de mettre un cataplasme sur la solution au problème d’irrespect de certains jeunes car nous devons admettre qu’on peut manquer de respect envers quelqu’un même en le vouvoyant!
vigile.quebec tribune libre 29 août 2024