Le PQ est-il viable?
En août 1968, René Lévesque et Gilles Grégoire s'entendent sur la fusion prochaine du MSA et du Ralliement national en vue de créer un nouveau parti. Du 11 au 14 octobre 1968, 957 délégués représentant toutes les régions du Québec se rassemblent à l'Université Laval et au Petit Colisée de Québec pour fonder un nouveau parti politique.
Élu à la présidence, René Lévesque prononce un discours au terme de ces assises de fondation. Le président commente le choix du nom de Parti québécois, un beau nom, mais chargé d'une «écrasante responsabilité», qu'il faudra porter avec dignité et travailler à mériter.
«Pour moi, tout parti politique n’est au fond qu’un mal nécessaire, un de ces instruments dont une société démocratique a besoin lorsque vient le moment de déléguer à des élus la responsabilité de ses intérêts collectifs. Mais les partis appelés à durer vieillissent généralement assez mal. Ils ont tendance à se transformer en églises laïques, hors desquelles point de salut, et peuvent se montrer franchement insupportables. À la longue, les idées se sclérosent, et c’est l’opportunisme politicien qui les remplace. Tout parti naissant devrait à mon avis inscrire dans ses statuts une clause prévoyant qu’il disparaîtra au bout d’un certain temps. Une génération? Guère davantage, ou sinon, peu importe les chirurgies plastiques qui prétendent lui refaire une beauté, ce ne sera plus un jour qu’une vieillerie encombrant le paysage politique et empêchant l’avenir de percer.» René Lévesque
En relisant cette réflexion venant de la part du fondateur du Parti québécois, on ne peut que demeurer perplexe sur la viabilité du parti qu’il a créé à la fin des années 1960, particulièrement à la suite de la déconfiture qu’il a subie le 7 avril dernier.
Et, qu’en est-il aujourd’hui de l'«écrasante responsabilité» liée au choix du nom de Parti québécois? Quarante-six ans plus tard, la question se pose : le PQ a-t-il réussi à «porter avec dignité» cette responsabilité et à travailler à la mériter?
Indépendamment de l’épisode historique du référendum de 1995 où les Québécois ont failli faire un pas vers leur autonomie, force est de constater que le PQ s’est laissé porter par les affres du pouvoir et la gestion d’un bon gouvernement provincial.
Devant la stratégie des dirigeants du PQ lors de la dernière campagne électorale qui se sont adonnés à toutes sortes de tergiversations pour reléguer dans le placard l’option fondamentale du parti, il y a lieu de s’interroger sur la viabilité du parti de René Lévesque.
En réalité, le Parti québécois est-il devenu «une vieillerie encombrant le paysage politique et empêchant l’avenir de percer?»…Où possède-t-il encore les éléments qui pourront lui permettre d’émerger de cette stagnation dévastatrice dans laquelle il s’est enlisé sous le poids des années? Des questions cruciales qui doivent animer les militants du PQ au moment où ils entament une réflexion sur l’avenir du parti…
quebechebdo 26 mai 2014