Le plus vieux métier du monde
La Cour d'appel de l'Ontario vient d’invalider la loi interdisant de tenir une maison close. Quant à l'article concernant l'interdiction de vivre des fruits de la prostitution, il a été maintenu, mais en spécifiant qu'il porte sur les situations où il y a exploitation. Le fait de faire de la sollicitation demeure illégal. Il sera donc plus difficile de porter des accusations de proxénétisme, mais la répression des personnes prostituées dans la rue demeurera la même.
À mon sens, l’essentiel du débat réside dans la question suivante : la prostitution est-elle un métier? Si certains croient que la prostitution est un métier et qu'il faut le décriminaliser, voire le réglementer, beaucoup croient au contraire que la prostitution est une forme d'exploitation sexuelle et que de considérer qu'il s'agit d'un «métier comme les autres» est à la fois blessant et dangereux.
Pour les groupes et personnes qui s'opposent à l'exploitation sexuelle, la « personne prostituée » est prostituée par des proxénètes et des clients-prostitueurs. À leurs yeux, ces personnes ne sont pas des travailleuses au même titre que les travailleuses de la restauration ou que les travailleurs de la construction. Elles sont en grande majorité battues, violées et maintenues dans cet état par la menace et la domination économique, physique ou affective.
Tout en prenant pour acquis que la situation décrite par les opposants à la décriminalisation incarne une partie des prostituées, se pourrait-il que certaines d’entre elles aient délibérément choisi ce « métier » et y trouvent leur satisfaction sans subir aucune menace extérieure?
Dans cette hypothèse, une loi juste et équitable devrait viser à protéger les prostituées qui subissent des sévices corporels ou psychologiques dans un système qui les maintient sous le joug d’un proxénète démoniaque tout en permettant à celles qui exercent ce métier en toute liberté de continuer de le faire.
quebechebdo 29 mars 2012