Le « dictature amicale » de François Legault
J’ai parcouru avec beaucoup d’intérêt l’opinion d’André Pratte sur la COVID-19 parue dans la Presse+ du 30 mars sous le titre La démocratie « sur pause »?
D’entrée de jeu, je dois vous avouer que jusqu’au 23 mars, je considérais que François Legault gérait correctement la crise du COVID-19. Toutefois, en ce 23 mars, notre premier ministre a décidé de mettre le Québec « sur pause » jusqu’au 13 avril, mettant sur le coup des centaines de milliers de travailleurs québécois au chômage.
« Lundi dernier, M. Legault a mis « le Québec sur pause » pour trois semaines. Compte tenu des conséquences gravissimes d’une telle décision, on se serait attendu à ce que quelques voix s’élèvent pour dénoncer, déplorer, questionner. Pourtant, l’annonce a été accueillie par un vaste soupir de consentement. » (dixit André Pratte)
Pendant ce temps, le gouvernement fédéral joue au père Noël en multipliant les programmes d’aide aux travailleurs et aux entreprises, atténuant en partie les effets pervers de la décision de François Legault qui, à mon avis, est allé trop loin et trop vite pour prendre une mesure aussi draconienne envers les travailleurs sans compter les effets négatifs sur l’économie québécoise.
Toutefois, là où je rejoins les commentaires d’André Pratte, c’est lorsqu’il fait appel à ce qu’il appelle l’absence de « débat », ce que Michel David, le chroniqueur du Devoir, qualifie de « dictature amicale ».
« Le débat mène à de meilleures politiques. Or, au sujet des décisions du gouvernement Legault, des questions devraient être posées. Quels sont les scénarios que le gouvernement avait devant lui avant de décider de fermer le Québec pour trois semaines ? Quelles indications a le Conseil des ministres que cette « pause » va ralentir la pandémie davantage que des mesures plus respectueuses de l’équilibre entre santé publique et prospérité ? » (dixit André Pratte)
En ce qui me concerne, il est là le hic : le fait de mettre la clef dans la porte de tous les services jugés « non-essentiels » était-il la bonne décision dans l’état de la situation du 23 mars? N’aurait-il pas été préférable d’y aller progressivement sans chambouler du jour au lendemain la vie de tous ces travailleurs et entrepreneurs?
« On dit le mot « économie » comme si les conséquences économiques d’une récession, peut-être une dépression, n’étaient que financières. Or, l’économie n’est pas d’abord une question de chiffres, mais une affaire humaine. Les centaines de milliers de personnes qui sont mises à pied ces jours-ci ou qui voient leur salaire diminuer, ainsi que celles qui vivent dans l’angoisse de la prochaine facture sont des êtres humains elles aussi. Leurs souffrances doivent peser dans la balance. » (dixit André Pratte)
Enfin, je soumets à votre réflexion le dernier commentaire d’André Pratte qui mérite une sérieuse réflexion : « La crise a beau être extrêmement grave, le premier ministre a beau parler d’une « guerre », l’histoire a amplement montré qu’une société est toujours perdante lorsqu’elle met la démocratie sur « pause ».
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vigile.quebec tribune libre 31 mars 2020