Le Conseil de sécurité de l’ONU au banc des accusés

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, n’a pas été tendre envers le Conseil de sécurité de l'ONU alors qu’Il s’adressait aux membres pour la première fois depuis le début de l'invasion de son pays par la Russie.

«Le Conseil de sécurité existe pour maintenir la sécurité et la paix. Mais où est la paix aujourd’hui? Où sont les garanties que les Nations unies sont censées apporter?» a demandé Volodymyr Zelensky aux membres du Conseil réunis d'urgence, incluant la Russie, pour se pencher sur les exactions qui ont été commises à Boutcha, en banlieue de Kiev, par l'armée russe.

Dans une allocution vidéo, le président ukrainien a dénoncé la paralysie du Conseil de sécurité eu égard à une guerre qui viole clairement l'article 1 de la Charte des Nations unies, celui-là même qui érige le maintien de la paix et la sécurité internationale comme le but premier de l'organisation.

« Les crimes les plus horribles depuis la Seconde Guerre mondiale ont été perpétrés dans notre pays», a dénoncé M. Zelensky. «Je m'adresse à vous au nom de ceux qui sont morts à Boutcha, qui ont pris des balles dans le dos, dans la rue, dans leur appartement, dans leur maison. D’autres ont été jetés dans un puits, certains ont été tués dans leur voiture alors qu’ils tentaient de fuir, des femmes ont été violées devant leurs enfants, on a décapité certaines personnes», a poursuivi M. Zelensky.

«Tout cela a été fait par un membre du Conseil de sécurité des Nations unies. Si ça continue, on ne pourra dépendre que des armes pour assurer notre sécurité et non plus du droit international», a mis en garde M. Zelensky. « Êtes-vous prêts à laisser tomber le droit international?», a-t-il lancé d’un ton lapidaire.

En bref, deux hypothèses s’offrent au Conseil de sécurité de l’ONU pour trancher le nœud gordien. Ou bien il expulse la Russie à titre de membre ayant droit de veto, ou bien il se transforme complètement en évitant de se placer dans des culs-de-sac inextricables. Pour l’instant, il se retrouve muselé par ses propres règles…

Le Soleil (version internet) 6 avril 2022 

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