Le boulet aux pieds

Quelques jours avant le 25ième anniversaire de la mort de René Lévesque le 1er novembre 1987, les articles et commentaires sur les qualités dominantes de l’homme, particulièrement son intégrité qui constitue à mon sens son plus grand héritage, sont nombreux, et je les endosse entièrement.

Toutefois, quand je remonte dans l’histoire et que j’observe les pierres angulaires qui ont contribué à la naissance du Parti québécois, à savoir la souveraineté-association, et que je constate le statu quo dans lequel le Québec se retrouve encore aujourd’hui sur le plan politique depuis l’assermentation de René Lévesque comme premier ministre le 25 novembre 1976, force est de constater que le concept de souveraineté-association a conduit à un cul-de-sac politique.

À mon sens, René Lévesque, possédant un sens inné du compromis, s’est montré stratégique en alliant les deux concepts de souveraineté et d’association dans son approche auprès de l’électorat québécois d’une part, et du ROC d’autre part. En agissant de la sorte, il pensait arriver à concilier les intérêts divergents des deux parties.

On connaît la suite…une ribambelle de rencontres fédérales-provinciales sur des demandes de récupérations de pouvoirs auprès d’Ottawa restées lettres mortes dans le tiroir de l’étapisme de Claude Morin, les sempiternelles allusions aux conditions gagnantes de Lucien Bouchard reléguées dans le placard des tristes souvenirs, et finalement la gouvernance souverainiste de Pauline Marois, une version « moderne » des échecs stratégiques antérieurs.

Et pourtant, quand on y pense, était-il opportun pour M. Lévesque d’intégrer la notion d’association économique avec le ROC à la souveraineté politique du Québec puisque, de facto, cette association allait devoir se concrétiser, compte tenu du contexte géographie du Québec et du Canada ?

À mon avis, la question doit être posée…en termes clairs, René Lévesque, même si je dois lui octroyer le mérité d’avoir mis la souveraineté du Québec sur la carte politique, s’est, du même souffle, attaché un boulet aux pieds en la liant à une forme d’association économique avec le ROC qui, de toute façon, faisait partie intégrante de l’accession du Québec à sa souveraineté politique.

En conséquence, j’ose espérer que, parmi les leçons que nous retiendrons des événements qui entourent le 25ième anniversaire du décès de René Lévesque, nous mettrons toutes nos énergies à réaliser son rêve ultime, à savoir de faire du Québec un pays !

vigile.net tribune libre 27 octobre 2012
quebechebdo 29 octobre 2012 "La souveraineté-association…le boulet aux pieds"

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