Le bilinguisme, vous dites?
La Commission sur l’état d’urgence, présidée par le juge Paul Rouleau, un franco-ontarien, a entendu une soixantaine de témoins depuis cinq semaines. Combien de personnes ont témoigné en français? Une seule.
Et ce n’est pas par manque de témoins francophones, au contraire. Le 21 novembre, trois d’entre eux l’étaient. David Vigneault, le grand patron du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Michelle Tessier, la sous-directrice aux opérations du SCRS et Marie-Hélène Chayer, la directrice du Centre intégré d’évaluation du terrorisme du SCRS. Ils ont fait le choix tous les trois de témoigner en anglais alors que le français est leur langue maternelle.
Devant cet état de fait, comment ne pas voir dans l’absence chronique du français à cette commission que la marginalisation du français au gouvernement fédéral se porte à merveille? Par ailleurs, selon un sondage du Commissaire aux langues officielles, près de la moitié des fonctionnaires francophones se sentent mal à l’aise d’utiliser leur langue au bureau. Pendant ce temps, le gouvernement Trudeau tente d’adopter une mouture édulcorée et sous bâillon de sa réforme de la Loi sur les langues officielles et cela, contre l’avis d’experts et de Québec.
En fin d’audience, la commission Rouleau entendra le premier ministre Justin Trudeau. Dans quelle langue fera-t-il valoir ses arguments? Je suis d’avis que le grand défenseur du bilinguisme au Canada utilisera un « harmonieux mariage « des deux langues officielles… tout au moins pour sauver les apparences!
vigile.quebec tribune libre 23 novembre 2022