La fille à son père

Dans son spectacle d’adieu intitulé « 50 ans de métier, ça s’raconte », un show qui accorde la prépondérance aux mots et à la poésie, Clémence DesRochers tire sa révérence du monde du spectacle.

Née à Sherbrooke le 23 novembre 1933, Clémence fait son baluchon et part pour Montréal en 1950 pour rejoindre la « roulotte » à Paul Buissonneau. Elle n’a que 20 ans lorsqu’elle participe à la naissance de la télévision à Radio-Canada.

En 1959, elle est de la première vague des chansonniers québécois en lançant les Bozos auprès des Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland, Raymond Lévesque et André Gagnon. C’est dans son propre cabaret, Chez Clémence, qu’elle donnera sa première chance à un certain Yvon Deschamps.

Tout au cours de son dernier spectacle, Clémence se réclame de la poésie, de cette flamme qui a habité son père, le poète et journaliste Alfred DesRochers, pendant toute sa vie. On n’a qu’à lire ce poème écrit en hommage à son père, intitulé « L’homme de ma vie », pour savourer dans les mots la tendresse qu’elle éprouvait pour lui :

« Si nous devenons bon amis
Je t'amènerai un dimanche
À ma maison en bois de planches
Rencontrer l'homme de ma vie

Il te tendra sa longue main
Pareille à un dessin d'étoile
Il mettra du bois dans le poêle
Pour réchauffer le café brun

Le coude appuyé sur la table
Il te parlera framboisier
Du sous-bois qu'il a nettoyé
Pour entailler ses deux érables

Il t'amènera en forêt
Voir ses fagots de branches mortes
Et te dira de quelles sortes de fleurs
Est garni ton bouquet

Si tu es là à la brunante
Il allumera le foyer
Et commencera à chanter
Ses chansons anciennes et lentes

Un chant d'oiseau le fera taire
Il pleurera comme un enfant
Moi je sais la voix qu'il entend
C'est l'épouse en-allée, ma mère

Si nous devenons bon amis
Je t'amènerai un dimanche
À ma maison en bois de planches
Rencontrer l'homme de ma vie »

Finalement, aujourd'hui, je crois qu'Alfred DesRochers, le poète nationaliste, serait fier de dire qu'il était le père de notre Clémence nationale !

quebechebdo 6 novembre 2011 

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