La démagogie selon Trudeau
« Les gens s’inquiètent au sujet de leur emploi, […] se demandent dans quelle direction nous allons, […] comment nous allons nous assurer que nos enfants aient des opportunités [sic]. [Les questions constitutionnelles] sont de vieilles, vieilles querelles qui ne sont importantes que pour un petit segment de gens qui sont furieux parce que j’ai demandé que nous passions à autre chose. Alors, je vais me répéter : pouvons-nous passer à autre chose ? » Justin Trudeau, cité dans « Pas de débat constitutionnel pour Trudeau », Le Devoir, le mardi 11 décembre 2012.
Un article, signé par Frédéric Bastien, professeur d’histoire au Collège de Dawson, paru dans Le Devoir du 13 décembre 2012 sous le titre « Les débats constitutionnels – Brisons ce mythe du sujet sans importance », en réaction à l’opinion de Justin Trudeau sur les « vieux débats » suscités par les débats constitutionnels, démontre, à mon sens, à quel point le fils de l’autre excelle dans l’art de la démagogie en plus de souffrir dangereusement du syndrome du paradoxe dans son argumentaire.
Si vous le permettez, je vais reprendre quelques exemples illustrés par M. Bastien pour prouver à quel point Justin Trudeau tente désespérément de noyer le poisson dans le dossier des débats constitutionnels en utilisant la voie d’une basse démagogie.
D’abord, tel que rappelé par M. Bastien, alors que Justin Trudeau parle de l’intérêt des Québécois sur les « vraies affaires », un sondage Léger et Léger mené au printemps dernier nous apprenait que 71 % des Québécois sont pour une modification constitutionnelle. Presque toutes les enquêtes d’opinion menées sur ce sujet indiquent d’ailleurs une insatisfaction des Québécois devant le statu quo actuel.
M. Bastien aborde ensuite l’intention de François Legault d’abolir les commissions scolaires alors que la Cour suprême du Canada a déjà décrété que les minorités linguistiques disposent d’une autonomie de gestion de leurs commissions scolaires par rapport aux différents gouvernements provinciaux, un droit qui leur est reconnu par la Constitution.
M. Bastien cite ensuite en ces termes la dichotomie subversive entre la Charte des droits et libertés du père de l’autre et le code civil québécois dans l’affaire Lola en 2010 : « Interprétant l’article 15 de la Charte portant sur l’égalité, les juges nommés par Ottawa ont invalidé une partie du Code civil québécois. Lors d’une séparation, celui-ci réserve des obligations différentes aux conjoints de fait et aux conjoints mariés en matière de pension alimentaire. Le tribunal a conclu qu’il s’agissait d’une discrimination envers les conjoints de fait. Ceux-ci risquent maintenant d’être soumis contre leur gré au même régime de droit que les gens mariés. »
Et, de poursuivre M. Bastien : « Pendant que la loi suprême sert à marier de force les habitants de la province, Philippe Couillard ajoute sa voix à ceux qui disent que la question constitutionnelle est sans importance. Elle relève du terrain des adversaires du PLQ, disait-il dans Le Devoir, le 5 décembre dernier. Cette affaire ne serait qu’une lubie partisane du PQ. Du même souffle, l’aspirant à la chefferie affirmait que son parti devait renouer avec les valeurs libérales historiques, par exemple, « le combat pour l’ouverture du Québec aux immigrants » et les accommodements raisonnables. »
Enfin, M. Bastien fait allusion aux nombreuses intrusions perverses de la Constitution canadienne dans le dossier de la loi 101, tout en concluant que « prétendre que toute cette question est sans importance et qu’elle n’intéresse personne constitue certainement la plus grande entreprise de mystification de l’histoire récente du Québec. »
J’ajouterais, en terminant, pour ma part, que nous pourrions étendre encore davantage la liste de ces paradoxes dans lesquels la troupe des petits amis de Justin Trudeau tente de manipuler les Québécois et de les détourner, grâce à tout le talent démagogique hérité de leur maître suprême en la personne de PET, des véritables enjeux auxquels sont confrontés ces mêmes Québécois devant le monstre d’une Constitution assimilatrice dont nous devons absolument nous débarrasser si nous désirons sérieusement nous attaquer un jour aux « vraies affaires »!
quebechebdo 13 décembre 2012