La chasse aux sorcières
Depuis son arrivée fracassante sur la scène politique américaine, Donald J. Trump n’a cessé de jouer le personnage de la victime contre les attaques incisives de ses adversaires en les qualifiant de chasses aux sorcières. Selon Google, «la victimisation désigne l’attitude par laquelle une personne se pose en victime dans le but conscient ou inconscient de susciter chez autrui le sentiment de pitié ou de culpabilité».
Or, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est le fait que cette comédie digne des grands classiques percole avec conviction auprès de ses supporteurs qui persistent à lui octroyer leur appui sans condition. À preuve, la décision unanime des douze jurés dans un procès au criminel faisant de Donald Trump un condamné ne semble aucunement faire baisser son avance en tête de la course à la présidence des États-Unis.
Au contraire, cette condamnation attise davantage la sympathie de ses troupes qui y voient une chasse aux sorcières de la part de ses détracteurs. L’image de la victime reprend instantanément le devant de la scène sans coup férir.
Or, comment expliquer ce phénomène surréaliste? À mon avis, une forte partie de l’électorat américain, notamment les républicains, sont embrigadés dans un scénario western où Trump joue le rôle du «bon» contre les «méchants» démocrates. À n’en pas douter, cette stratégie porte ses fruits. À cet effet, quelle que soit la sentence à laquelle Trump sera condamné, ses fans persisteront à l’appuyer jusqu’au 5 novembre 2024.
Le Devoir 1er juin 2024
vigile.quebec tribune libre 2 juin 2024
Le Soleil (version numérique) 3 juin 2024