La chanson québécoise, un trésor à explorer!
Au moment où s’ouvre le Forum sur la chanson québécoise, organisé par le Conseil des arts et des lettres du Québec, les auteurs proposent d’inclure les œuvres des piliers de la notre répertoire québécois dans les programmes d’intégration des immigrants comme dans l’apprentissage des enfants.
À mon sens, les auteurs, en y allant d’une proposition aussi "rafraîchissante", surpassent de cent coudées les interventions timides de nos politiciens actuels lorsqu’ils parlent de leurs intentions concernant le renforcement de la loi 101 qui ressemblent bien souvent davantage à un recul qu’à une avancée !
Pourtant, quand on considère tout le chemin parcouru par la chanson québécoise, de Félix à Vigneault en passant par Charlesbois et Ferland, on se doit de constater avec fierté que les chansons de nos pionniers constituent sans contredit un des vecteurs majeurs de la culture québécoise.
"Du petit bonheur jusqu’au tour de l’île Félix a semé tout a commencé Vigneault a grandi avec mon pays C’est en le chantant que les gens d’ici Se sont reconnus se sont retrouvés Un cœur dans la voix de nos chansonniers car…" Extrait du début de "C’est dans les chansons" Jean Lapointe.
À cet effet, je me permets de vous raconter une anecdote extrêmement porteuse de sens qu’il m’est arrivé de vivre auprès de mes élèves durant ma carrière d’enseignant au secondaire. Pendant plusieurs années, à la période de l’année où j’abordais la poésie comme genre littéraire, je commençais toujours par leur faire entendre « Le p’tit bonheur » de Félix après leur avoir distribué les paroles de la chanson…soit dit en passant au grand scepticisme de mes collègues quant à l’intérêt que pourrait susciter cette « vieille » chanson.
Au contraire, dès le début de l’audition de la chanson, plusieurs élèves se mettaient à fredonner les paroles en compagnie de Félix, certains d’entre eux le faisant même sans jeter un coup d’œil sur le texte écrit. Il était de plus évident que l’atmosphère de la classe revêtait un air de fête où l’enthousiasme était palpable.
Dans la lignée des auteurs réunis au Forum sur la chanson québécoise, je ne peux que me rallier à leur idée de se servir de ce patrimoine québécois "toujours bien vivant" pour servir d’instrument d’intégration pour les nouveaux arrivants, notre chanson constituant un répertoire riche et éclairant autant sur notre culture que sur notre langue.
En terminant, en guise d’illustration des immenses richesses patrimoniales que contient notre trésor de chansons québécoises, je vous laisse sur les paroles de Claude Gauthier qui nous raconte "son plus beau voyage" :
"J’ai refait le plus beau voyage De mon enfance à aujourd’hui Sans un adieu, sans un bagage, Sans un regret ou nostalgie
J’ai revu mes appartenances, Mes trente-trois ans et la vie Et c’est de toutes mes partances Le plus heureux flash de ma vie !
Je suis de lacs et de rivières Je suis de gibier, de poissons Je suis de roches et de poussières Je ne suis pas des grandes moissons Je suis de sucre et d’eau d’érable De Pater Noster, de Credo
Je suis de dix enfants à table Je suis de janvier sous zéro
Je suis d’Amérique et de France Je suis de chômage et d’exil Je suis d’octobre et d’espérance Je suis une race en péril Je suis prévu pour l’an deux mille Je suis notre libération Comme des millions de gens fragiles À des promesses d’élection Je suis l’énergie qui s’empile D’Ungava à Manicouagan
Je suis Québec mort ou vivant !"
vigile.net tribune libre 4 février 2013
quebechebdo 4 février 2013