Jackson ou l’instinct de survie
Il s’appelle Jackson et il a trois ans. Quand j’ai vu dans un média la photo de ce petit garçon courant autour d’un sapin de Noël, le grand sourire aux lèvres, avec sa prothèse au pied, j’ai été ébahi, et je me suis dit qu’il fallait absolument que j’écrive un mot sur son histoire invraisemblable.
Celia Rodrigues, la mère de Jackson, a d’abord pensé qu’il souffrait d’un vilain rhume, et elle est repartie d’une clinique médicale avec un remède contre la toux. Son état s’est cependant dégradé rapidement.
Jackson ne mangeait plus, il avait une toux grasse et peinait à respirer. Rapidement, une visite à l’urgence s’imposait. Déjà, dans la voiture, son fils est devenu léthargique. Incapable de se tenir debout à leur arrivée à l’hôpital, Jackson a tout de suite été pris en charge. Il a été mis sous intubation. Les médecins croyaient alors qu’en alimentant ses poumons en oxygène, en plus d’antibiotiques, son état s’améliorerait. Mais rien à faire, le corps de Jackson le lâchait. Un essaim de médecins et d’infirmières bourdonnait désormais à son chevet. Jackson avait développé le syndrome de choc toxique, à la suite d’une infection au staphylocoque doré.
Et la famille n’était pas au bout de ses peines. Dans les jours suivant son hospitalisation, son corps parvenait difficilement à faire circuler l’oxygène et le sang jusqu’aux extrémités, si bien que les orteils de Jackson prenaient une inquiétante couleur noire. Après 56 nuits aux soins intensifs, Jackson a enfin pu rentrer à la maison, où un autre défi l’attendait. Il devait réapprendre à marcher, cette fois avec une prothèse, à la suite de l’amputation de son pied droit.
Aujourd’hui, Jackson est un petit garçon enjoué qui se déplace avec sa prothèse comme si rien ne s’était passé. Il peut marcher et courir, et pour lui c’est la chose la plus importante. De toute évidence, l’enfant demeurera toujours le héros le plus authentique.
Le Devoir 30 décembre 2022