J.-F. Roberge a-t-il la stature d’un ministre?
Les enseignants sont à bout de souffle, les étudiants en sciences de l’éducation maquent à l’appel, les nouveaux enseignants peinent à terminer leur première année d’enseignement, des jeunes sans les compétences requises sont engagés comme suppléants, les ressources spécialisées telles les orthophonistes, les orthopédagogues, les travailleurs sociaux et les psychologues sont rarissimes pendant que les élèves en difficultés d’apprentissage et de comportement ne cessent d’augmenter. Tel est le triste bilan légué par l’ex-ministre de l’Éducation, pourtant un enseignant de profession, Jean-François Roberge, au terme de son mandat de quatre ans.
Or, malgré les écueils laissés par M. Roberge en Éducation, le premier ministre Legault, lors du remaniement ministériel, lui a confié pas moins de cinq responsabilités, dont la langue française et la laïcité, deux dossiers chauds qui risquent de se retrouver plus d’une fois devant les tribunaux si l’on en croit certains ténors fédéraux.
À mon sens, au cours de son mandat à titre de ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge a régulièrement emprunté les chemins de la tergiversation dans ses relations avec les enseignants, si bien que la résolution des dossiers a continuellement traîné en longueur ou sont carrément morts au feuilleton, emportés par la valse-hésitation systémique du ministre.
Dans ces circonstances, je me demande sérieusement si Jean-François Roberge a la stature et la prestance nécessaires pour occuper un poste de ministre, de surcroît ceux de la défense de la langue française et de la laïcité de l’État québécois. Je serais plutôt porté à penser qu’il sera facilement manipulé par les stratèges fédéraux à la solde de Justin Trudeau et que, de ce fait, Québec risque de perdre des plumes importantes aux cours des procédures judiciaires intentées par Ottawa.
En bref, si le passé est garant de l’avenir, force est d’admettre que les mois à venir s’annoncent pour le moins cahoteux, voire désastreux, eu égard à la protection de notre langue et la sauvegarde de la laïcité du Québec.
vigile.quebec tribune libre 27 octobre 2022
Le Soleil 29 octobre 2022