« Il lance et compte!… »
Les amateurs de hockey de ma génération se souviendront sans doute où, durant les années ’60, Jean Béliveau s’emparait de la rondelle au centre de la patinoire après l’avoir habilement subtilisée à un adversaire, contournait le défenseur en manipulant la rondelle et se présentait seul devant le gardien de but pour le déjouer d’un simple lancer du poignet dans le haut du filet…le tout se terminant par la phrase classique de René Lecavalier « il lance et compte!… », suivie d’un soulèvement massif de la foule de spectateurs!
À l’époque, le centre de la patinoire était une zone privilégiée où les joueurs de talent pouvaient manier la rondelle dans un espace qui leur laissait toute la place pour faire valoir leur brio dans le maniement du bâton. Aujourd’hui, les entraîneurs semblent avoir oublié le centre de la patinoire pour favoriser davantage le corridor le long des bandes et donner lieu à une guerre de tranchées où les mises en échec l’emportent sur le maniement de la rondelle.
Conséquences…une étude commune de l’Université de Calgary avec l’Université McGill et l’université Laval conclut que les mises en échec chez les joueurs de hockey de niveau pee-wee ont des conséquences graves sur la santé des enfants, notamment en terme de commotions cérébrales.
À titre d’exemples, en Alberta, les mises en échec sont acceptées dès le niveau pee-wee alors qu’elles sont interdites au Québec. Des chercheurs universitaires ont suivi 74 équipes albertaines et 76 québécoises sur une période d’un an au cours de laquelle 209 enfants albertains ont subi des blessures mineures et graves et 70 au Québec, parmi lesquels 73 cas de commotions cérébrales ont été diagnostiqués en Alberta contre 20 au Québec.
Si les responsables du développement des jeunes joueurs de hockey revenaient à la base de ce sport d’adresse et d’agilité, peut-être arriverions-nous à redonner au hockey ses lettres de créances qui ont soulevé l’enthousiasme de toute une génération de Québécois qui rebondissaient littéralement de leur siège devant le petit écran lorsque René Lecavalier lançait son légendaire « il lance et compte!… »
quebechebdo 30 novembre 2012