Florent Vollant…un témoignage saisissant
Au moment où les autochtones se battent sans réserve pour la reconnaissance de leurs droits partout au pays, particulièrement dans le mouvement de mobilisation en pleine effervescence « Idle no more », un autre triste événement refait surface dans le décor autochtone, à savoir la douloureuse expérience des pensionnats autochtones canadiens sur laquelle la Commission de vérité et de réconciliation a le mandat de faire la lumière.
À cet effet, les confidences du chanteur innu Florent Vollant, parues dans le Devoir du 24 janvier sous le titre « Survivre aux pensionnats autochtones » incarnent un témoignage saisissant où se côtoient l’horreur et la bassesse des autorités religieuses qui avaient la charge de ces établissements. À ce jour, plus du tiers des 80 000 autochtones canadiens qui ont demandé une indemnité pour avoir « été envoyés de force » au pensionnat ont aussi déclaré avoir subi des « sévices extraordinaires », soit des agressions sexuelles ou physiques.
Il y a eu 130 pensionnats autochtones dans l’histoire du Canada, dont six au Québec, entre 1870 et 1995. « Au besoin, les enfants étaient arrachés de force à leur famille par des prêtres ou des agents de police, et les parents incarcérés par la Gendarmerie royale du Canada.
L’objectif de ces établissements était clairement avoué par les autorités gouvernementales canadiennes : éliminer la culture amérindienne et assimiler l’ensemble des Amérindiens. « L’objectif de notre politique est de continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien du Canada qui n’ait été absorbé par notre politique », disait en 1920 le surintendant général des Affaires indiennes du Canada, Duncan Campbell Scott. À titre d’exemples barbares pour parvenir à ces fins, les enfants autochtones devaient parfois se frotter la langue avec du savon s’ils parlaient leur langue maternelle au pensionnat, on les lavait même à l’eau de javel pour leur blanchir la peau.
Sans avoir été agressé sexuellement, Florent Vollant se souvient d’une violence omniprésente au pensionnat Notre-Dame de Maliotenam. « Des coups de poing, des coups de pied. Il y a des enfants qui résistaient. Ceux qui ne marchaient pas droit mangeaient une volée », raconte-t-il.
À mon sens, l’aliénation des droits des autochtones vécue depuis des décennies et les événements dramatiques et inhumains qui se sont passés, pour la plupart à la « cordonnerie », en ce qui a trait au pensionnat de Malionetam où était « détenu » Florent Vollant, doivent être dénoncés haut et fort.
Jusqu’à maintenant, aucun religieux québécois n’a été appelé à venir témoigner aux audiences de la Commission de vérité et de réconciliation. « Ils se cachent », dit Florent Vollant, qui croit pourtant que leur présence serait indispensable, non seulement pour faire rejaillir la vérité mais aussi pour susciter une authentique réconciliation…une position que j’endosse sans réserve.
vigile.net tribune libre 24 janvier 2013
quebechebdo 24 janvier 2013 "Témoignage saisissant de Florent Vollant"