Exigence ou maltraitance?
Le réputé comédien et professeur au Conservatoire d'art dramatique de Montréal Gilbert Sicotte se retrouve dans la tourmente. Suite à des allégations d’abus de pouvoir, de harcèlement psychologique et de violence verbale sur une période de 25 ans, la direction du Conservatoire vient de le suspendre.
De son côté, le comédien dit enseigner comme un acteur et non pas comme un professeur de philosophie. « Je veux que les acteurs et actrices soient les meilleurs possibles […] L’exigence n’est pas la maltraitance. [...] Je mets la barre haute pour tous les étudiants », soutient M. Sicotte.
Les gens de théâtre ont des personnalités émotives, un atout majeur pour leur permettre d’ « entrer dans leur personnage ». Et, pour y arriver, le professeur ou le metteur en scène doit parfois utiliser des méthodes qui peuvent paraître du « harcèlement psychologique ». Toutefois, en ce qui a trait aux plaintes d’une vingtaine de personnes eu égard aux motifs mentionnés ci-dessus, l’attitude et les mots utilisés par le professeur Sicotte [par exemple, "J'vais t'casser, mon ostie"] semblent avoir outrepassé l’« exigence » et atteint le stade de la « maltraitance ».
Gilbert Sicotte soutient rechercher chez ses étudiants la même chose que ce qu'il exige de lui-même comme acteur. « Je suis un acteur bouillant, exigeant et je suis aussi un professeur exigeant ». Un vieil adage prétend que l’on a souvent les défauts de ses qualités…En ce sens, peut-être que M. Sicotte devrait abandonner son siège de professeur et continuer de briller sur les planches en tant que comédien « exigent » et adulé du public.
vigile.net tribune libre 20 novembre 2017