Et la lourdeur de la tâche?
L’une des revendications les plus criantes des enseignants eu égard aux négociations de leur convention collective était sans contredit la lourdeur de leur tâche. Or, dans cette foulée, le gouvernement a engagé la somme de 300 millions $ en bonus aux enseignants qui accepteraient, sur une base volontaire, d’offrir des séances de récupération aux élèves qui, par leurs nombreuses journées d’école ratées, ont accumulé des retards considérables lors des journées de grève des enseignants. Or, jusqu’à maintenant, dans certaines écoles, aucun enseignant ne s’est porté volontaire pour offrir son soutien selon un sondage interne réalisé par la Fédération québécoise de directions d’établissement d’enseignement (FQDE).
Nonobstant le fait que certains enseignants souhaitent donner un coup de pouce supplémentaire à leurs élèves devant la perspective de gagner un surplus de salaire, après des semaines de grève sans rémunération, d’autres par ailleurs considèrent que participer à cet effort supplémentaire serait totalement incohérent avec les revendications exprimées pendant la grève, alors que la charge de travail des profs a été dénoncée sans relâche sur les lignes de piquetage.
En toute logique, force est de constater que l’argument de ces derniers est difficilement contestable compte tenu que le salaire supplémentaire ne contribuera d’aucune façon à atténuer la lourdeur de la tâche tant décriée par les enseignants sur la place publique en plus d’être fortement appuyée par la très grande majorité des parents.
En bref, je suis d’avis que nous nageons en pleine incohérence dans le plan du ministre Drainville. Si l’intention du gouvernement était d’acheter la paix en agissant en «généreux pourvoyeur», je suis plutôt porté à penser qu’il a utilisé le chemin le plus court…et le moins efficace pour les enseignants déjà surchargés par la lourdeur de leur tâche.
vigile.quebec tribune libre 25 janvier 2024
Le Devoir "Lourdeur de la tâche" 29 janvier 2024