En cette journée internationale de la femme…
En cette journée internationale la femme, j’ai tenté de scruter les femmes qui auraient pu influencer le paysage culturel et nationaliste du Québec et, en bout de ligne, il m’a semblé que Pauline Julien était une incontournable.
Pauline Julien est la cadette d'une famille de onze enfants, établie à Trois-Rivière et plus tard à Cap-de-la-Madeleine. Elle épouse l'acteur Jacques Galipeau en 1950 avec lequel elle aura eu deux enfants. Par la suite, elle s’inscrit à des cours de théâtre au Québec puis fait un séjour de six ans à Paris, de 1951 à 1957. Elle y fait du théâtre et entame une carrière de chanteuse dans les cabarets de la rive gauche. La chanteuse québécoise y interprète alors des chansons, entre autres, de Léo Ferré, de Boris Vian et de Bertolt Brecht.
À son retour à Montréal, elle reprend rapidement le chemin de la scène dans le circuit des cabarets montréalais. En 1958, on la retrouve au Cabaret Saint-Germain-des-Prés de Jacques Normand, le rendez-vous montréalais de la chanson française.
En1962, Pauline Julien présente à son public son premier disque Enfin Pauline Julien. Deux ans plus tard, c'est avec une chanson de Gilles Vigneault, intitulée Jack Monoloy, qu'elle se mérite le deuxième prix au Festival de Sopot, en Pologne. C'est le début d'une grande carrière pour la chanteuse.
À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le répertoire de Pauline Julien se compose presque exclusivement de chansons d'auteurs québécois. Elle commence à écrire les textes de quelques-unes de ses chansons en 1968. Au cours des 10 années suivantes, la musique de ses chansons sera composée par François Dompierre, Claude Dubois, Michel Robidoux, Stéphane Venne, Robert Léger, Pierre Flynn, Gerry Boulet, Gaston Brisson, François Cousineau et Jacques Marchand, les trois derniers étant ses directeurs musicaux à un moment ou à un autre. Elle compose également des chansons sur des paroles de Michel Tremblay.
Après sa séparation d'avec Jacques Galipeau, Pauline Julien deviendra la compagne du poète, journaliste et homme politique Gérald Godin pendant plus de 30 ans, jusqu'à son décès en 1994. Atteinte d'aphasie dégénérative et ne pouvant plus chanter, elle s'est suicidée le 1er octobre 1998 à l’âge de 70 ans.
Pauline Julien et Gérald Godin ont marqué le Québec. Elle comme chanteuse, militante, féministe et comédienne. Lui comme journaliste, ministre péquiste et poète. Amoureux pendant plus de 30 ans, leur histoire est en partie dévoilée par les fragments de leur correspondance, « La Renarde et le Mal Peigné », publiée chez Leméac en 2009. Un petit livre touchant d'intimité qui révèle les déchirements de ces amoureux.
Enfin, un commentaire, laissé à la suite de la parution de la biographie de Pauline Julien écrite par Louise Desjardins et publiée chez Leméac en 1999 sous le titre « Pauline Julien, la vie à mort », ferme la boucle admirablement sur cette éminente figure féministe et nationaliste :
« Chanteuse québécoise, interprète des plus grands auteurs de la francophonie, Pauline Julien fut tout autant une militante très engagée et, par sa voix, elle a su nous faire entendre les cris des Québécois et des femmes qui n’avaient appris qu’à se taire. Louise Desjardins…nous présente, dans cette biographie, le portrait magnifique d’une femme, d’une amie, d’une amoureuse de la langue française, de sa culture et de son pays. »
quebechebdo le 8 mars 2012
vigile.net tribune libre 8 mars 2012 "Je me souviens de Pauline Julien"
Commentaire:
"Cette apologie de Pauline Julien est du pur Henri Marineau : tact et clairvoyance. Dommage que les jeunes n'aient pas connu cette grande dame de la chanson, cette grande patriote."
Ivan Parent
vigile.net tribune libre 9 mars 2012