Des étiquettes porteuses d’ambiguïtés
D’entrée de jeu, je vous propose un extrait de la chronique d’André Savard parue sur la tribune libre de Vigile le 3 juillet 2011 sous le titre « Gouvernance souverainiste et affirmation nationale » :
« Ce qui se passe, c’est que les Québécois n’ont pas de choix réel possible. Le mouvement politique est bloqué et la politique québécoise tourne en roue libre, incapable de donner à son regard de myope l’exercice de la distance. Que le mouvement indépendantiste se rabatte toujours sur l’hypothèse des « pas-pressés », présence dépressive, cause du retard, leur permet de se rassurer dans les ornières de combattants lyriques. »
Selon les dires de M. Savard, près de quarante-cinq ans d’un cheminement tortueux ayant abouti à la situation que l’on connaît actuellement lui permet de conclure que les tenants d’une stratégie conduisant à l’indépendance du Québec, dans les meilleurs délais, doivent être catalogués dans la catégorie des « pressés » ! En affirmant une telle conception, je dois admettre que nous divergeons, lui et moi, sur la notion de « pressés » et que je me considère plutôt dans la catégorie des « patients » et non pas dans la position de quelqu’un « incapable de donner à son regard de myope l’exercice de la distance…pas davantage que de me « rassurer dans les ornières de combattants lyriques » !
Voici un autre passage de la chronique de M. Savard :
« Le mouvement indépendantiste se butte à un adversaire qui peut allumer des balises rouges à volonté. Plus le mouvement indépendantiste est fort, plus les balises rouges s’allument. Plus il est faible, plus on reste dans une trêve apparente, la provincialisation du Québec. »
À cet effet, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt la Déclaration de principes adoptée dans le programme du Parti québécois à son congrès de 2005 dans l’article de Robert Barbéris-Gervais publié sur cette même tribune le 3 juillet 2011 sous le titre « Le programme du Parti québécois (première partie) » et, même s’il ne constitue que le préambule du programme adopté lors de ce congrès, j’y ai perçu des principes directeurs articulés permettant de contrer les « balises rouges » de notre adversaire et plutôt d’allumer des « feux verts » vers l’accession à notre indépendance, et à sortir de la « trêve apparente » dans laquelle nous enlise la gouvernance souverainiste de Pauline Marois.
Enfin, parlant de Mme Marois, je vous laisse sur cette réflexion. Prenons pour acquis que, selon la distinction de M. Savard, elle soit considérée dans le clan des « pas-pressés »…je crois que vous serez tous de mon avis ! Se pourrait-il que, compte tenu de son allergie à prononcer le mot « indépendance », on puisse la classer dans la catégorie des « pas-intéressés » ?
vigile.net tribune libre 5 juillet 2011 « Appel à la liberté d’expression »