Coupable de transparence

Le chef de l’Unité anticollusion (UAC), Jacques Duchesneau, vient d’être congédié par le directeur de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, son supérieur immédiat, qui allègue que M. Duchesneau a mis en doute ses qualifications personnelles et la structure de l’UPAC et ce, après que l’ex-directeur de la police de la Ville de Montréal ait déposé un rapport accablant sur la collusion et la corruption dans l’octroi des contrats entre le ministère des Transports, l’industrie de la construction, certaines firmes de génie-conseil et le milieu interlope.

Pourtant, même si Jacques Duchesneau a déjà affirmé sur plusieurs tribunes qu’à quelques reprises il avait vécu des tentatives de le déloger de l’UAC et, qu’à chaque fois, il avait reçu l’appui du premier ministre, ce dernier a déclaré, suite au congédiement de Duchesneau, qu’il ne commentera pas cette décision de l’UPAC qu’il qualifie d’indépendante et que le gouvernement n’interviendra pas dans sa gestion interne.

On se souviendra qu’entre temps, Jean Charest, devant les pressions qui venaient de toutes parts suite aux révélations troublantes du rapport Duchesneau, a mis sur pied une commission d’enquête qui, faut-il le rappeler, est toujours à l’abri de la Loi sur les commissions d’enquête. En réalité, notre conducteur a toujours les deux mains sur le volant et consentira à le laisser temporairement à France Charbonneau pour autant qu’il demeure le chauffeur désigné !

Revenons maintenant au cas Duchesneau…et posons-nous ces quelques questions : « D’où vient la décision de Robert Lafrenière ? De son bureau ou de celui de Jean Charest ? Assistons-nous vraiment à un verdict de culpabilité pour manque de loyauté de la part de Jacques Duchesneau envers son supérieur, tel qu’allégué par le directeur de l’UPAC ? M. Duchesneau est-il la énième victime qui aura passé dans le tordeur des magouilles de Charest ? Au moment où l’UPAC dit avoir de sérieux problèmes de recrutement, comment se fait-il qu’elle peut se permettre de congédier quelqu’un de la trempe de Jacques Duchesneau, sous prétexte qu’il ait émis certaines réserves sur les qualifications de l’UPAC dans un dossier aussi complexe ?

À mon sens, Charest tient Lafrenière dans sa petite poche, ce qu’il ne pouvait pas faire avec Jacques Duchesneau. En conséquence, le coupable a été condamné officiellement pour manque de loyauté envers son supérieur alors que la version officieuse camoufle sa condamnation derrière des motifs de transparence, soit dans un champ de compétence inconnu du premier ministre!

vigile.net tribune libre 30 octobre 2011
quebechebdo 31 octobre 2011



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