Confusion de termes fallacieuse autour de la loi 101

En campagne électorale, le Parti québécois jugeait indispensable de durcir et d'élargir la portée de la loi 101, entre autres, par l’interdiction pour les francophones et les allophones de fréquenter les cégeps anglophones, l’obligation pour les entreprises de moins de 50 employés de se soumettre aux dispositions de la loi et des services de garde en français, le PQ envisageant de la sorte les grands moyens pour que le français ne perde pas de terrain.

Toutefois, ce n'est pas le portrait que vient de dresser l'Office québécois de la langue française (OQLF) qui viendra conforter le gouvernement Marois dans sa position d’adopter la ligne dure dans sa défense du français au Québec, un portrait mitigé et tendancieux dans lequel partisans comme opposants au renforcement de la loi 101, inquiets ou confiants devant la hausse du bilinguisme, trouveront dans les récentes études sur la langue de travail des éléments pour les conforter chacun dans sa position respective.

Résumons les récentes études divulguées par l'OQLF. Le français demeure la langue de travail de la majorité des Québécois. De 1971 à 1989, la proportion de travailleurs utilisant principalement le français au travail est passée de 83 à 91 % dans la province. Dans la région de Montréal, même tendance. Quatre-vingt-cinq pour cent des gens travaillaient en français en 1989, comparativement à 69 % avant l'adoption de la Charte de la langue française. Autre donnée à considérer, la proportion d'allophones travaillant principalement en français dans la région de Montréal demeure en progression, mais de façon beaucoup moins marquée. De 42 % en 1971, elle atteignait 63 % en 1989, puis 68 % en 2010.

De 1989 à 2010, les choses se gâtent cependant. Ce ne sont plus 91 % des travailleurs de la province qui exécutent leur tâche principalement en français, mais bien 89 %. Dans la région métropolitaine, le recul atteint cinq points. Conclusion plutôt « simpliste » de l'OQLF : le bilinguisme est en hausse.

En réalité, est-ce la mondialisation et la nécessité de parler anglais avec les clients ou les interlocuteurs à l'étranger qui expliquent que de plus en plus de Québécois utilisent l'anglais au travail? Le recul du français n’est-il pas plutôt attribuable à la mollesse de la loi 101, aux lacunes dans la francisation et l'intégration des nouveaux arrivants, au laxisme et à la tolérance des francophones qui ont peur de passer pour ringards s'ils réclament que le français domine au boulot comme on a pu le constater à la Caisse de dépôt et placement, où la direction n'avait pas jugé indispensable qu'un haut dirigeant puisse s'exprimer en français avec les employés de Montréal?

L'adoption de la Charte a permis des avancées indéniables depuis 35 ans. Comment s'assurer que le français demeurera prédominant et ne redeviendra pas une langue de second ordre? Comment, dans un contexte où l'anglais est omniprésent dans plusieurs domaines et où les Québécois se veulent et se doivent d'être ouverts sur le monde, la connaissance et l'usage du français peuvent-ils s'imposer?

À mon sens, il m’apparaît fallacieux et dangereux de confondre une hausse naturelle du phénomène du bilinguisme chez les Québécois considérant le contexte géographique du Québec, avec la défense et la promotion de notre langue officielle, le véritable porteur de notre identité culturelle qui se doit d’être consolidé contre les dangers éminents d’une assimilation sournoise si nous n’y prêtons pas un œil vigilant!

quebechebdo 29 novembre 2012
vigile.net tribune libre 29 novembre 2012 "Confusion des termes fallacieuse"

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