Cégep, pour la liberté académique
En 2022, l’Assemblée nationale adoptait la loi 32 protégeant la liberté académique dans les universités dans le prolongement du Rapport Cloutier. Or cette loi ne protège en rien les enseignants des cégeps qui sont pourtant confrontés aux mêmes défis que leurs collègues universitaires eu égard à la liberté académique.
Dans cette foulée, là où le bât blesse outrancièrement se manifeste dans le fait que ce sont les étudiants qui critiquent vertement les choix des lectures obligatoires par les enseignants de français. À titre d’exemple, un étudiant s’est objecté à la lecture du roman Le vent en parle encore de Michel Jean, sur les pensionnats autochtones où il est question d’un viol et d’un suicide. Le jeune contestataire considérait que les problèmes sociaux n’avaient pas à être abordés en classe au cégep.
Entre autres commentaires recueillis par la Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ) auprès de ses membres, lors d’un récent sondage sur la liberté académique, on peut lire qu’un enseignant de cégep a été accusé de racisme par un étudiant après avoir affirmé en classe «que certains pays d’Afrique sont plus pauvres que ceux de l’Amérique du Nord» ou que des cégépiens s’opposent à la lecture d’œuvres féministes, d’un roman sur les pensionnats autochtones ou au visionnement d’un film sur l’esclavage.
La liberté académique des enseignants des cégeps est dangereusement compromise si bien qu’on est en droit de se demander si les enseignants de français ne devraient pas demander l’avis de leurs étudiants eu égard au choix de lectures imposées. C’est le monde à l’envers. Vivement une extension de la loi 32 au collégial, madame Déry!
vigile.quebec tribune libre 21 novembre 2024