Appel aux artistes, créateurs et poètes
À la question de Marie-France Bazoo à son invité, Jacques Parizeau, lors de son émission diffusée le 6 octobre, « de quoi le Québec a-t-il besoin ? » Parizeau a répondu : des artistes, des créateurs et des poètes.
Bien que je sois en accord avec M. Parizeau sur le rôle fondamental de la communauté artistique sur l’essor du sentiment patriotique des Québécois, je me demande si les artistes d’aujourd’hui n’ont pas dérogé de cette mission.
À observer l’évolution de la carrière des artistes actuels, j’ai souvent l’impression que le « geste créateur », celui pour lequel ils se sont engagés dans cette carrière, se limite désormais à une gestion de l’offre et de la demande, de cotes d’écoute, de ventes d’album, du goût du public, de gestion de carrière et de programmes de subventions.
Comme le disait Simon Jodoin sur son blogue de cyber-boom du 7 octobre, intitulé « Les artistes ont-ils choisi de gérer au lieu de créer ? » :
« Bien sûr, certains artistes épousent une cause, ce en quoi on les considère comme « engagés », mais le plus souvent, cet engagement ne dépasse guère le niveau de la simple gestion : gestion de telle ou telle ressource naturelle, gestion de l’état et de l’éventuelle indépendance du Québec, gestion d’une calamité sociale ou d’une autre, faim, pauvreté, maladie. Dans tous les cas, on a presque l’impression que ce qui est réclamé, c’est de la saine gestion de la part des politiciens, ce qui me semble pour le moins irréconciliable avec la nature même de la création qui devrait s’employer à transgresser les conventions et non à en réclamer de nouvelles…Se pourrait-il que les artistes soient devenus, en quelque sorte, des fonctionnaires du divertissement, qui gèrent au lieu de créer ? »
Dans une période de notre histoire où les bases de notre système parlementaire sont sapées par la corruption, je retiens cette remarque de Pierre Curzi qui affirme que les artistes ont comme mission de contribuer à l’éveil de la conscience sociale et, qu’en ce sens, leurs œuvres devraient nous dire : « Voici ce qui va arriver ».
vigile.net tribune libre 14 octobre 2011