À défaut d’enthousiasme, Landry se contente du pragmatisme
"Ce n’est pas de l’enthousiasme, c’est du pragmatisme. Je suis obligé de me contenter de la meilleure défense des intérêts du Québec…avec un parti minoritaire à l’Assemblée nationale, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions que la gouvernance souverainiste".
Tel est l’argumentaire utilisé par Bernard Landry, un souverainiste de la première heure qui, dans une lettre acerbe parue dans les médias en janvier 2012, condamnait cette même gouvernance souverainiste, alléguant aujourd’hui qu’il avait l’espoir, à l’époque, de voir le PQ prendre le pouvoir de façon majoritaire…un argument on ne peut plus "pragmatique" !
En termes clairs, en "se contentant" de la stratégie qui consiste à défendre les intérêts du Québec, M. Landry se rallie à une démarche qui va à l’encontre de ses convictions personnelles, à savoir accéder à notre souveraineté le plus tôt possible via le déclenchement d’un référendum…en d’autres termes, la défense des intérêts du Québec au détriment de la prise en charge de ces mêmes intérêts, l’attitude passive au lieu de l’attitude active.
Toutefois, en invoquant l’argument du gouvernement minoritaire pour défendre son revirement concernant la gouvernance souverainiste, l’ex-chef du Parti québécois et ancien premier ministre semble oublier que cette gouvernance souverainiste qu’il condamnait il y un an était déjà inscrite au programme du PQ avant les dernières élections, ce qui signifie clairement que la haute direction du parti avait déjà opté pour cette stratégie et ce, peu importe les résultats qu’elle obtiendrait lors du scrutin.
En conséquence, une question s’impose : si, selon les espoirs de M. Landry, le PQ avait formé un gouvernement majoritaire et qu’il empruntait aujourd’hui la voie de la gouvernance souverainiste, est-ce qu’il aurait le même discours ? À mon sens, poser la question, c’est beaucoup y répondre !
En conclusion, j’aurais pensé, voire souhaité, que Bernard Landry, l’un des plus ardents défenseurs de l’accession du Québec à son statut de pays, conserve l’enthousiasme qu’il a toujours manifestée face à notre cheminement vers notre indépendance au lieu de se rallier, pour des raisons pragmatiques, à une stratégie aux allures redondantes qui ne conduira qu’à un cul-de-sac comme toutes celles qu’il a condamnées vertement au cours de sa carrière politique.
vigile.net tribune libre 5 avril 2013
quebechebdo 6 avril 2013
Le Devoir 9 avril 2013 "Le revirement de Bernard Landry" (version abrégée)
Commentaire:
"On tourne en rond avec le PQ. On arrive à rien depuis quarante ans avec la souveraineté-association. C'est un concept hybride comme le développement durable, un oxymore dont les deux extrêmes s'annulent. Ti-Gilles va surveiller les impairs du gouvernement fédéral pour le piéger ? Voyons donc ! C'est ce qu'il faisait déjà à Ottawa, jusqu'à ce qu'on se rende compte que cette approche renforçait le fédéralisme plutôt que de l'affaiblir et qu'on le mette dehors. On ne veut pas d'une gouvernance souverainiste, on veut un gouvernement qui va faire l'indépendance du Québec. On ne veut plus de l'étapisme. On est rendu au sprint final, aux éliminatoires pour la Coupe. Ça nous prend un Maurice Richard comme capitaine Québec, plus un endormant anglo à la Bob Gainey. Gainey et Duceppe, vous ne trouvez pas qu'ils se ressemblent?"
Gilbert Talbot
Le Devoir 9 avril 2013