À bas le nivellement par le bas
Comment peut-on concevoir que la langue française, notre langue maternelle, puisse être perçue par des étudiants en sciences de l’éducation comme la « bête noire » de leur programme d’études? À preuve, dans certaines universités, près d’un futur professeur sur cinq doit retarder sa formation parce qu’il a échoué au Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) que les futurs profs doivent réussir pour obtenir leur brevet d’enseignement.
Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre dans l’enseignement, certains étudiants proposent de diminuer le degré de difficulté du test. En bref, un nivellement par le bas. Autrement dit, comme on manque de profs, on va former des profs moins compétents. Ce serait une bien mauvaise décision qui aurait pour effet de pénaliser les étudiants sur les bancs d’école… Et qui sait, certains de ceux-ci aspireront peut-être un jour devenir enseignants!
Mais revenons au coeur du problème, soit le pourcentage élevé d’échecs des futurs profs au TECFÉE. Nonobstant le fait que la langue française comporte un certain degré de difficulté, j’en conviens, je conçois mal que l’enseignement de la grammaire et de la syntaxe soit pratiquement éliminé du curriculum de l’élève dès la quatrième secondaire où l’accent est davantage investi sur la littérature. Même situation au Cégep.
Il n’est donc pas surprenant, pour des élèves qui ont très peu été initiés à soigner la qualité de leur français écrit, de frapper le mur lorsqu’ils sont confrontés au Test de certification en français écrit. Dans ces circonstances, il m’apparaît urgent que les contenus de cours en français, à partir de la quatrième secondaire jusqu’au Cégep, intègrent des notions grammaticales et syntaxiques essentielles à l’apprentissage du français écrit. En agissant ainsi, le taux de réussite au TECFÉE ne pourra qu’être augmenté… et cela, sans avoir à opérer un nivellement par le bas.
vigie.quebec tribune libre 18 octobre 2022