Revenons à l’essentiel

Un article, écrit par Daphnée Dion-Viens et paru dans le Journal du 5 janvier sous le titre « Un élève sur deux en difficulté dans des classes régulières, des profs à bout de souffle », a soulevé mon indignation et ma colère devant le désordre systémique dans lequel sont plongés des enseignantes et des enseignants du Québec encore aujourd’hui en 2023, notamment au primaire et au secondaire.

À l’aube d’une négociation

À la lecture des situations rocambolesques citées par l’autrice de l’article, force est de constater qu’aucun enseignant ou enseignante ne peut humainement tenir le coup pendant des mois dans de telles circonstances.

Or, dès le début de son premier mandat en 2018 à titre de premier ministre du Québec, François Legault s’était engagé formellement à faire de l’éducation sa première priorité. Depuis lors, l’ex-ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’est confondu en valse-hésitation jusqu’à la fin de son mandat. En conséquence, il n’est donc pas surprenant que les enseignants soient perplexes eu égard aux résultats qui émaneront de cette nouvelle ronde de négociation.

Pistes de solutions

1) D’entrée de jeu, le ministère de l’Éducation du Québec via les facultés des sciences de l’éducation doivent renverser la vapeur issue de la réforme des années du début 2000 au cours desquelles les élèves sont devenus le centre de leur apprentissage et le professeur un guide, et recentrer l’acte pédagogique autour de l’enseignant face à l’apprenant qu’est l’élève.

2) Ce retour aux sources de la pédagogie devrait contribuer à redorer la fonction d’enseignant, à lui redonner ses lettres de noblesse et, par conséquent, à mettre en lumière la valorisation de l’enseignement et attirer davantage de candidats vers les sciences de l’éducation.

3) Le contenu de la formation des maîtres doit être revu en profondeur de façon à diminuer les cours théoriques en didactique et offrir plutôt plusieurs stages d’enseignement dans les écoles, les débutants étant accompagnés au début d’un maître de stage.

4) Il faut revoir le classement des élèves en dificultés d’apprentissage eu égard à leur handicap et les réunir en petits groupes homogènes sous la supervision d’un membre du personnel spécialisé, quitte à ce que ces élèves retournent dans un groupe régulier lorsqu’ils auront cheminé suffisamment.

5) Il est certain qu’une telle démarche requiert une équipe substantielle de personnel spécialisé, tels des psychologues, des orthopédagogues, des orthophonistes, des techniciens en éducation spécialisée, etc…

6) La politique de non-redoublement, étendue à la majorité des écoles du Québec, doit être abolie car elle ne fait que déplacer le problème des élèves qui ont échoué avec des élèves qui ont réussi à passer leur année et qui seront retardés par les élèves qui n’ont pas été contraints de reprendre leur année scolaire.

La lumière au bout du tunnel

De telles solutions draconiennes nécessitent d’abord une volonté politique sans laquelle les problèmes demeureront entiers. Ensuite, pour rendre ces solutions concrètes, des budgets supplémentaires doivent être dégagés, notamment eu égard à la formation de petits groupes ciblés et, par ricochet, à l’engagement de personnels spécialisés supplémentaires.

Enfin, l’école doit demeurer un lieu d’apprentissage qui constitue sa première raison d’être. Par ailleurs, il ne faut pas faire abstraction du fait que le monde a changé depuis quelques décennies et que l’école doit s’adapter à cette nouvelle réalité. Toutefois, je demeure convaincu que, tout en conservant sa vocation première, l’école peut aussi prendre en charge les élèves en difficultés et leur permettre de cheminer à leur rythme dans un climat propice à l’apprentissage.

Le Journal "Faites la différence" 11 janvier 2023

Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Accéder à la page de connection.
Créer un compte sur henrimarineau.com.