Le plan de match du ministre Drainville
Dans la foulée des résultats désastreux des élèves de cinquième secondaire aux examens finaux de français du MEQ de juin 2022, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté une liste de priorités visant à améliorer l’école québécoise.
Parmi ses priorités, le ministre a fait savoir qu’il souhaite, entre autres, ajouter un deuxième adulte en classe, soit des éducatrices en services de garde, afin d’assister les enseignants qui doivent gérer des classes avec de plus en plus d’élèves aux besoins particuliers.
Le ministre Drainville souhaite de plus instaurer une voie rapide en raccourcissant le temps de formation des enseignants afin de combler la rareté de la main-d’œuvre. Enfin, le ministre veut mettre sur pied des programmes particuliers pour tous les élèves.
Considérations personnelles
Nonobstant l’intention louable d’ajouter une éducatrice en service de garde en milieu scolaire dans les classes ayant des élèves à besoins particuliers dans le but de prêter main-forte à l’enseignant, je ne crois pas que cette éducatrice ait l’expertise nécessaire pour répondre à des cas aussi compliqués.
Par ailleurs, il y a déjà une pénurie de main-d’œuvre dans les services de garde. En réalité, je suis d’avis que la solution se trouve dans la formation et l’engagement de personnel spécialisé pour ce type d’élèves.
En ce qui a trait à l’intention du ministre de raccourcir le temps de formation des enseignants et revenir ainsi à l’époque du certificat, je crains que cette avenue conduise à un nivellement par le bas et qu’elle produise un effet boomerang sur la qualité de l’enseignement.
C’est sans compter la performance désastreuse en français des étudiants en sciences de l’Éducation au dernier test d’admission en français.
C’est un secret de Polichinelle, les programmes particuliers arts-études et sports-études ont été implantés dans le secteur public pour compétitionner les programmes particuliers des écoles privées, ce qui, néanmoins, n’enlève rien aux avantages de tels programmes conçus de prime abord pour les élèves doués qui doivent se plier à une diminution d’heures dans certains cours.
Conséquemment, les élèves à besoins particuliers ne peuvent s’inscrire à ces programmes compte tenu de leurs retards scolaires.
Personne n’est contre la vertu, la vétusté d’un grand nombre d’écoles sur le territoire du Québec est criante. Reste à voir si Bernard Drainville aura une oreille attentive de la part des ministres responsables de gérer les goussets du gouvernement pour procéder à la rénovation et à la construction de nouvelles écoles.
C’est à espérer de la part d’un gouvernement dont le premier ministre a fait de l’éducation sa priorité dès son premier mandat en 2018.
Valorisation du français
En ce qui concerne la valorisation du français dans les écoles du Québec, le ministre Drainville s’est dit fort préoccupé par cet objectif et a déclaré qu’il mijotait, sans les nommer, quelques pistes de solutions. Toutefois, il s’est tout de même prononcé sur l’exigence d’accorder une partie de la note finale à la qualité du français dans les évaluations des disciplines autres que le français, ce avec quoi je suis pleinement en accord.
De plus, et surtout, le gouvernement Legault doit renforcer la loi 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, en y intégrant l’obligation du français au cégep à tous les francophones et aux nouveaux arrivants.
Enfin, les contenus des programmes de français au secondaire doivent être revus en y intégrant à chaque étape du secondaire les notions sur les mécanismes de la langue, à savoir la grammaire, la syntaxe et le lexique. Et finalement, il est plus que temps que les enseignants ressortent des boules à mites les bons vieux dictionnaires et les bonnes vieilles grammaires.
Le Soleil 22 juillet 2023