Canam doit être le maître d’oeuvre du nouveau pont de l’île d‘Orléans

11 juillet 2024

La saga qui entoure le choix de l’entreprise responsable de la construction du nouveau pont de l’île d‘Orléans semble emprunter des chemins contestables par rapport à une option sécurisée proposée par Canam Ponts, à savoir une structure boulonnée plutôt que soudée.

Sans entrer dans les détails techniques gravitant autour de la construction des ponts, je suis d’avis que le gouvernement du Québec devrait se raviser et faire appel à une entreprise québécoise située à 10 kilomètres des lieux de la construction et munie d’une solide expertise dans la construction des ponts plutôt que d’opter pour une entreprise européenne.

«Présentement, il n’y a rien dans le contrat qui exige du contenu québécois ou canadien», déplore M. Enault, premier vice-président de la CSN. qui compare la situation avec d’autres pays comme les États-Unis où le Buy American Act impose l’achat de biens sur le territoire américain pour les contrats gouvernementaux.

Il ne serait pas trop tard pour modifier la conception du pont. Selon les intervenants de la CSN et le président du syndicat des travailleurs de Canam, Steve Giroux, les ponts Champlain et Gordie-Howe devaient eux aussi, à l’origine, être «des ponts soudés». «On leur a proposé une alternative boulonnée et ils ont accepté. Ils ne trouvaient que du positif à aller vers ce genre de construction», plaide M. Giroux.

Pour le moment, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, est demeurée muette à tout commentaire. À mon sens, un revirement doit être entrepris eu égard aux exigences techniques de construction du pont qui doivent répondre à l’expertise Canam et lui octroyer le contrat de la construction du nouveau pont. C’est une simple question de priorité à nos entreprises québécoises.

Le Soleil (version numérique) 11 juillet 2024
vigile.quebec tribune libre 11 juillet 2024

De l’urgence au report

4 juillet 2024

Le projet Northvolt, adopté dans un contexte d’urgence faisant même fi d’un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour accélérer son acceptation, a coûté la «modique» somme de 7,3 milliards de dollars aux gouvernements canadien et québécois.

Or, son pdg a annoncé que «nous avons été un peu trop audacieux dans notre plan d'expansion et c'est ce que nous sommes en train de revoir». Dans ces circonstances, le gouvernement Legault doit profiter de cette conjecture et réfléchir à sa propre stratégie afin de favoriser l’acceptabilité sociale du projet, y compris par l’entremise d’un BAPE.

Qualifié de projet du siècle par François Legault et les ministres François- Philippe Champagne et Pierre Fitzgibbon, le projet Northvolt risque-t-il de se retrouver sur les tablettes pendant des années, voire d’être reporté aux calendes grecques?

vigile.quebec tribune libre 4 juillet 2024
 

 

Lettre à Joe Biden

4 juillet 2024

Monsieur le Président,

D’entrée de jeu, quoique convaincu que vous ne lirez pas cette lettre, j’ose espérer qu’elle attirera l’attention des lecteurs et qu’elle suscitera quelques commentaires pertinents. Dans cette optique, j’aurai atteint mon objectif prioritaire, à savoir votre avenir politique immédiat.

Sachez à prime abord que je suis un mordu de politique, notamment de la politique américaine qui, depuis l’arrivée de Donald J. Trump dans le décor, a fortement été secouée, particulièrement sur l’existence même de la démocratie. À ce chapitre, votre position sur la défense et la survie de la démocratie a été pendant toute la durée de votre mandat sans reproche.

En revanche, force est de constater qu’au fur et à mesure que les sondages sont mis à jour, votre écart derrière Donald Trump ne cesse d’augmenter. À cet effet, je suis d’accord pour affirmer que vous êtes le mieux placé pour analyser les causes profondes qui contribuent à de tels résultats.

Toutefois, force est de constater que votre état physique et mental montre des signes évidents de défaillance, tels des mots qui tardent à être exprimés, des confusions dans la structure de vos phrases, des difficultés à vous déplacer, etc. Considérant l’état avancé de votre âge, ces écarts de conduite sont des plus normaux.

En revanche, là où le bât blesse sérieusement réside dans le fait que vous briguez le poste de Président des États-Unis d’Amérique, une fonction qui porte en elle des défis extrêmement exigeants, voire surhumains. Conséquemment, considérant votre âge avancé et votre état de santé déficient, je me demande si le temps n’est pas venu pour vous de céder fièrement le flambeau.

Dans cette foulée, un vieil adage argue que personne n’est irremplaçable. Vous avez surmonté brillamment de grands défis tout au cours de vos mandats à titres de Vice-président et de Président des États-Unis. Aujourd’hui, vous pouvez quitter le tête haute et profiter d’une retraite bien méritée dans la dignité.

Avec tout mon respect

vigile.quebec tribune libre 4 juillet 2024
Le Soleil (version numérique) 5 juillet 2024

Argument «sécurité économique» d’un troisième lien

2 juillet 2024

Selon plusieurs experts consultés sur l’argument du gouvernement Legault eu égard à la «sécurité économique» d’un troisième lien Québec-Lévis, il est préférable d’investir plutôt dans la pérennité des liens déjà existants, arguant que la construction de nouveaux ponts est généralement liée à des questions de fluidité de la circulation.

Marie-Hélène Vandersmissen, vice-doyenne aux études au Département de géographie à l’UL, n’a pas en tête des exemples de ponts construits pour la sécurité économique. Si elle ne croit pas qu’on doive écarter l’économie des questions de transport et d’aménagement, elle estime que «l’idée de construire un 3e lien au cas où le pont Pierre-Laporte ferme quelques mois ou quelques années [...] paraît un peu, disons, exagérée. Cela ressemble à un scénario “catastrophe”». Pour ma part, je suis d’avis que le gouvernement s’est inspiré d’une remarque du rapport de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), à savoir la sécurité économique, pour tabler là-dessus dans sa décision finale sur le troisième lien.

La saga du troisième lien a donné lieu à des tergiversations sans fin de la part de François Legault, le défaite dans Jean-Talon étant un des éléments catalyseurs ayant contribué à un des chapitres de cette saga. De puis les débuts, la construction d’un troisième lien est passée d’un tunnel sous-fluvial à la construction d’un pont et ce, malgré le rapport de la CDPQ qui rejetait ce scénario.

La cote de popularité de François Legault a chuté lors des derniers sondages. Il lui fallait mettre l’emphase sur un dossier majeur qui rallie une bonne partie de la population des deux rives. Aussi suis-je d’avis que le scénario du troisième lien constitue la courroie politique qui pourrait revigorer la CAQ et lui donner un regain de vie auprès des électeurs de Chaudière-Appalaches dans l’esprit du premier ministre.

vigile.quebec tribune libre 1er juillet 2024

Un château fort du PLC s’écroule

28 juin 2024

Le couperet est tombé. Le parti libéral du Canada (PLC) a perdu la circonscription de Toronto-St. Paul’s aux mains des conservateurs, une forteresse libérale de longue date. Cette défaite crève-coeur dans Toronto-St. Paul’s ramène à l’avant-plan la crédibilité des électeurs eu égard au leadership de Justin Trudeau dont la popularité et la crédibilité à titre de premier ministre du Canada sont mises à l’épreuve dans les derniers sondages.

Nonobstant les résultats médiocres obtenus lors du scrutin à l’élection partielle d’une circonscription en banlieue du grand Toronto, force est de constater que Justin Trudeau est victime de l’usure du pouvoir. En revanche, je suis d’avis qu’il a l’intention de demeurer à la tête du PLC envers et contre tous jusqu’au déclenchement des élections fédérales de 2025.

Toutefois, la pente est abrupte et jonchée d’écueils, telle sa propension à tergiverser sur l’aboutissement de dossiers majeurs, telle la crise du logement à travers le pays, sur laquelle «On travaille fort» comme le répète inlassablement Justin Trudeau tel un leitmotiv» creux.

Face à un scénario aussi chaotique, la défaite dans Toronto-St. Paul’s vient confirmer le ras-le-bol des électeurs devant le laxisme systémique de Justin Trudeau eu égard aux dossiers prioritaires. Conséquemment, je ne serais nullement surpris que ce mouvement de contestation se répercute dans l’ensemble du pays et que le PLC subisse une défaite cuisante lors des prochaines élections générales fédérales.

Le Devoir 28 janvier 2024

Tout simplement catastrophique!

24 juin 2024

Cette année, le taux de réussite au premier essai des futurs enseignants au primaire et au secondaire, qui doivent obligatoirement réussir un examen de français, était de 44% seulement à l’Université de Montréal, 39% à l’Université Laval, 29,3% à l’UQAC et 23,3% à l’UQAR. De plus, de nombreux étudiants doivent s’y reprendre à trois, quatre et même cinq reprises. À l’Université Laval, pour ceux qui passent le test pour la cinquième fois, le taux de réussite n’est que de 54%. Tout simplement catastrophique!

Mais que s’est-il donc passé depuis le début du primaire jusqu’à l’université pour que le français de nos élèves québécois soit d’une aussi piètre qualité? Certains «experts» en éducation évoquent la pandémie, un motif qui, selon moi, a le dos bien large. Je suis plutôt d’avis que le français a littéralement perdu ses lettres de noblesse dans nos établissements scolaires. L’enseignement de la grammaire, de la syntaxe et du lexique est devenu une «monnaie rare». La langue française est inutilement compliquée, voire tordue, patriarcale et élitiste, évoquent les futurs enseignants.

Le jour où l’on comprendra que le sens de l’effort fait partie inhérente de la formation de notre jeunesse pavera la voie à la beauté de notre langue et à la fierté de la parler et de l’écrire convenablement avec tous ses «caprices».

Le Soleil (version numérique) 24 juin 2024

Le troisième lien, un choix électoraliste

18 juin 2024

Paradoxalement, la clôture de la session parlementaire à Québec coïncide avec la énième réouverture de la saga sur le troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, et ce, nonobstant le rejet d’un tel projet de la part de la Commission de dépôt et de placement du Québec (CDPQ). Toutefois, les experts de la CDPQ, sans se prononcer sur cette alternative, ouvre la voie à un troisième lien en alléguant la sécurité économique. Il n’en fallait pas davantage pour que la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, saute sur cette opportunité alors qu’il y a un an à peine, elle faisait l’apologie de la solidité du pont Pierre-Laporte et que, de ce fait, le troisième lien n’avait aucune pertinence entre les deux rives reliant Québec et Lévis.

Tout en virement de capot de la part de la ministre. L’inhumation du troisième lien en 2023 se métamorphose en exhumation un an plus tard. L’insécurité du pont Pierre-Laporte devient soudainement un risque pouvant conduire à sa fermeture temporaire ou permanente immédiate obligeant les camions lourds à faire un détour insensé vers le pont Laviolette à Trois-Rivières, une situation qui provoquerait le chaos chez les caquistes et à laquelle il faut immédiatement remédier, et ceci sans aucune étude préalable ni estimation des coûts.

Et les citoyens de la Capitale Nationale dans tout ce tohu-bohu? Où en est rendue leur crédibilité devant les nombreuses tergiversations de ce gouvernement eu égard au troisième lien? Comment interpréter le fait que ce changement de cap se produit deux ans avant les élections de 2026, soit le temps nécessaire pour permettre à la CAQ de peaufiner le projet et de le présenter comme promesse prioritaire de réalisation au cours de la prochaine campagne électorale?

À mon sens, derrière ce énième revirement dans le dossier du troisième lien se cache un choix électoraliste, une décision improvisée de toutes pièces pour permettre à la CAQ de redorer son blason et de remonter dans les sondages… Or, les Québécois sont échaudés, leur crédibilité envers la CAQ est au point mort, et tous ses efforts pour remonter sa cote de popularité sont vains.

vigile.quebec tribune libre 17 juin 2024

Retour à la case départ

13 juin 2024

Le projet d’un réseau collectif structurant de Québec, à savoir un tramway, piloté par l’ex-maire de Québec, Régis Labeaume, est né en mars 2018 quelques mois après la dernière élection municipale qui a porté le maire Régis Labeaume à la tête de la capitale pour un quatrième mandat. La ligne de tramway relierait le secteur Louis-XIV, situé dans l’arrondissement de Charlesbourg, au secteur Le Gendre, dans l’ouest de la ville.

Or, en juin 2024, soit six ans après le dépôt du projet par Régis Labeaume, la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ), après avoir reçu le mandat, par le gouvernement de François Legault, d’étudier et de proposer des pistes de projets structurants, en arrive à la même conclusion que Régis Labeaume, y compris le tracé proposé en 2018.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet de tramway dans la Capitale nationale revient à la case départ, et, de surcroît, contribue à l’ajout de milliards $ supplémentaires puisés dans les poches des contribuables.

Mais que s’est-il donc passé pour que le projet de tramway de Québec fasse du surplace pendant six longues années? Nonobstant le fait que les élus municipaux et provinciaux se soient renvoyé la balle à n’en plus finir, des comités de citoyens s’opposant au tramway ont mené une campagne féroce contre la construction du tramway.

Enfin, concernant le troisième lien entre Québec et Lévis, la CDPQ se prononce contre sauf s’il est prouvé qu’il contribuera à l’expansion économique de la région. Rien de novateur non plus dans ce dossier qui demeure à son état embryonnaire. De fait, il semble que la vie politique québécoise se soit campée obstinément dans un sempiternel recommencement!

vigile.quebec tribune libre l2 juin 2024 


 

Un écran de fumée?

13 juin 2024

Dans son allocution au Salon bleu de l’Assemblée nationale à l’occasion de la fin de la session parlementaire, le premier ministre a surpris les partis d’opposition en annonçant la création d’un «comité consultatif sur les enjeux constitutionnels du Québec au sein de la fédération canadienne» qui aura pour mission de trouver des façons d'accroître l'autonomie de la province à l'intérieur du Canada.

Or, de toutes les réactions des chefs de partis d’opposition, je retiens celle du chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon: «Comment le premier ministre peut-il à la fois constater l'existence d'un cul-de-sac pour le Québec dans le Canada et simultanément vouloir que la nation québécoise retourne dans ce cul-de-sac-là? C'est une question fondamentale, car le Canada est irréformable, et je sais que, dans le fond de lui-même, le premier ministre le sait très bien».

De fait, aussi loin que l’on remonte dans le temps, les tentatives du Québec d’augmenter leurs pouvoirs au sein de la Confédération canadienne, ont toutes échoué lamentablement. Et j’ajouterais que ce n’est sûrement pas avec un premier ministre fédéral aussi enraciné dans la centralisation des pouvoirs que le Québec réussira à maquer des points.

À mon sens, en sortant ce lapin de son chapeau à la toute fin de la session parlementaire, François Legault a choisi de mettre un baume sur une session éprouvante qui a vu la CAQ chuter drastiquement dans les sondages. Conséquemment, la création de ce comité d’experts n’est qu’un écran de fumée destiné à camoufler le paysage pour le moins lamentable, voire désastreux, de la dernière session…et a laisser les électeurs sur une note positive à la veille de la période des vacances.

vigile.quebec tribune libre 12 juin 2024

L’école d’autrefois

7 juin 2024

Lorsque je suis entré à l’école pour la première fois en septembre 1954, j’ai été frappé par le calme qui y régnait malgré le grand nombre de nouveaux élèves qui s’y trouvaient. J’ai ressenti un climat quasi religieux semblable à celui qui m’imprégnait lorsque mon père nous amenait faire notre pèlerinage annuel à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré.

Je savais que l’école était un lieu d’apprentissage et que je devais conserver toute mon attention dans la classe pour profiter de toutes les connaissances de notre enseignante. Le silence était érigé en principe sacré dans la classe, et malheur à celui qui y dérogeait qui devenait de facto susceptible d’écoper d’une sanction exemplaire.

Lorsque je franchissais la porte de l’école, je me sentais dans un autre monde à l’écart des soubresauts de la société. Aujourd’hui, le «sanctuaire» scolaire a disparu, envahi par le monde extérieur. L’école a perdu ses lettres de noblesse au profit d’un lieu où l’apprentissage a fait place prioritairement au bien-être des élèves vers qui l’enseignant dirige toute son attention, un changement de paradigme qui en est venu à dénaturer le rôle premier de l’école, à savoir la communication des connaissances à des apprenants.

En écrivant ces mots, mon intention n’est pas de verser dans une mélancolie pernicieuse mais plutôt de nous interroger sur les effets collatéraux engendrés par le chemin qui nous a conduits à un changement aussi draconien eu égard au rôle de l’école. À mon avis, il est impérieux de recentrer l’école sur sa vocation première et de replacer l’élève dans un cadre où sont placés en priorité le sens de l’effort et la rigueur intellectuelle indispensables à un sain climat d’apprentissage.

vigile.quebec tribune libre 6 juin 2024