Les médias sociaux, gangrène du français

14 août 2024

Dans le cadre de la série «Les idées qui ont fait le Québec», on ne peut passer sous silence la déroute du français eu égard aux communications débridées des locuteurs au sein des médias sociaux.

Nonobstant les complications inhérentes reliées à l’écriture du français, leur utilisation pernicieuse dans le but de les simplifier conduit inévitablement à des abréviations dénuées de toute signification. À titre d’exemple, le mot «beaucoup» voit son orthographe se transformer en «bcp», une paresse intellectuelle dégradante, voire irrespectueuse de la langue.

Dans cette foulée, le français tire largement son origine du latin et, de ce fait, son étymologie traduit cette réalité dans l’orthographe du chiffre «sept» qui conserve son «p» latin de «septem» dans son orthographe français. Il en est ainsi aussi du mot «doigt» qui conserve le «g» de «digitus» latin. En ce sens, il est tout à fait inapproprié d’attribuer au français le qualificatif de «capricieux». Malheureusement, les utilisateurs des médias sociaux ont adopté les abréviations comme modes de références, causant de la sorte une dénaturalisation de la langue française et, par ricochet, un jargon victime de la démesure.

Pour se perpétuer, notre langue se doit de rester fidèle à ses origines latines, à défaut de quoi elle sombrera dans le barbarisme à outrance, et perdra tout le prestige qu’elle a gagné depuis des siècles au Québec jusqu’à sa déchéance la plus complète.

vigile.quebec tribune libre 13 août 2024
Le Devoir 14 août 2024

 

Le pourboire…obligatoire

8 août 2024

Quoique plus rare au Québec, le pourboire obligatoire existe déjà. Il devient alors taxable. Les restaurateurs calculent 15% du total avant taxes, ils ajoutent le pourboire à l'addition, puis ils calculent les taxes. Au bout du compte, le pourboire s'élève à près de 17%. Or, selon mes recherches sur Google, le pourboire représente une «somme d'argent remise, à titre de gratification, de récompense, par le client à un travailleur salarié».

Par ailleurs, une tendance antinomique à l’effet d’imposer un pourboire obligatoire semble gagner du terrain au Canada, confrontant le client à un état de fait devant lequel le pourboire fait figure d’une obligation non consentie.

À mon sens, l’octroi d’un pourboire à un employé est étroitement lié au bon vouloir du client et, en ce sens, il revêt un caractère frauduleux, voire illégal s’il est imposé arbitrairement. En réalité, le pourboire obligatoire brime de facto la liberté du client dans ses droits au libre choix.

vigile.quebec tribune libre 7 août 2024

La persévérance comme gage de succès

8 août 2024

Comme bien des enseignants au cours de leur carrière, il m’a été fréquemment donné l’occasion de rencontrer un jeune envisageant la possibilité d’abandonner l’école. Ainsi en est-il d’un élève de troisième secondaire qui, trente ans après notre rencontre, m’a fait parvenir ce courriel: «Un jour, vous aviez mis la main sur quelques jeunes qui me menaient la vie dure et vous les aviez convoqués à votre bureau. J'avais alors décidé de tout laisser tomber, je ne voulais plus aller à l'école. Par la suite, je fus convoqué à mon tour à votre bureau. Vous avez fermé la porte et dit en me regardant droit dans les yeux: "Alors on veut tout laisser tomber. Eh bien, je vois qu'on préfère les solutions faciles!" Ces paroles m'ont glacé le sang. Calmement, vous m'avez fait comprendre qu'il y avait de belles choses dans la vie mais qu'il fallait me faire confiance et foncer. Il y a des gens qui nous marquent dans la vie et vous faites certainement partie des miens. Trente ans plus tard, j'ai toujours en mémoire ce moment que vous aviez pris la peine de me consacrer…et il restera en moi pour encore bien des années!»

Ce type de rencontre est toujours d’actualité aujourd’hui dans les écoles secondaires où de jeunes adolescents sont harcelés et agressés psychologiquement jusqu’au jour où ils décident de quitter l’école. Le décrochage chez les ados constituent un phénomène croissant de nos jours. Et pourtant, il suffit souvent de quelques mots mettant de l’avant les bénéfices de la persévérance pour leur ouvrir toutes grandes les portes de l’émancipation personnelle malheureusement trop souvent refermées par des situations malsaines qui auraient pu être contrecarrées par une simple «petite tape dans le dos».

Les ados, sous leur façade de fanfarons, ont besoin d’être encouragés à ne jamais abandonner devant les écueils de la vie et, à ce chapitre, la persévérance doit leur être inculquée comme gage de succès.

vigile.quebec tribune libre 7 août 2024

Les olympiens, athlètes à plein temps

6 août 2024

J’ai suivi assidûment les reportages sur les Jeux olympiques sur le petit écran et j’ai été enthousiasmé par la détermination exemplaire à laquelle ils avaient dû être confrontés pour parvenir à représenter leur pays à Paris 2024. À titre d’exemple, la nageuse Summer McIntosh, détentrice de trois médailles d’or à 17 ans, affirmait lors d’une entrevue qu’elle devait passer quarante heures à la piscine chaque semaine pour perfectionner son art.

À mon point de vue, les athlètes olympiques incarnent des modèles de persévérance inspirants à tel point que le nom de Summer est sur toutes les lèvres dans le monde, notamment chez les jeunes qui ont décidé d’accentuer leur entraînement en natation.

Notre monde qui baigne dans une société où l’éphémère fait loi souffre d’un manque de modèles de persévérance. À ce chapitre, les médias sociaux abondent en expressions linguistiques alambiquées dans le but de réduire les messages au grand détriment de la langue. Dans cette foulée, les jeunes carriéristes empruntent le chemin le plus court pour parvenir à leur fin, excluant de la sorte tout effort axé sur la nécessaire persistance.

Dans cette optique, les athlètes olympiques nous donnent une véritable leçon de vie en plaçant la détermination au sommet de leurs priorités, et incitent notre jeunesse à persister dans cette voie où les défis font partie intrinsèque de la vie.

vigile.quebec tribune libre 5 août 2024
Le Soleil (version numérique) 6 août 2024
Le Devoir 8 août 2024 "La persévérance admirable des athlètes à plein temps"
 

Une main de fer dans un gant de velours

4 août 2024

Durant mes quelque trente ans dans le monde de l’éducation, il m’a été donné, à de nombreuses occasions, de constater à quel point la relation maître-élève jouait un rôle capital, notamment au sein du climat propice à l’apprentissage chez les élèves. L’enseignement est une profession qui exige beaucoup de tact qui se traduit par un heureux mariage de fermeté et de souplesse.

Pendant toutes ces années, j’ai pu voir se défiler une pléiade de nouveaux enseignants appelés à faire leurs armes auprès des élèves et parmi eux, un bon nombre avait choisi l’approche d’égal à égal avec leurs élèves, espérant ainsi privilégier leur relation. Or, force est de constater que cette approche nuisait considérablement au climat d’apprentissage, les élèves en étant arrivés à considérer leur professeur comme un bon ami, et son autorité étant durement mise à mal.

Dans cette foulée, les parents ont un rôle primordial à jouer, à savoir qu’ils doivent se situer dans le prolongement de l’école eu égard à la mise sur pied d’une ambiance familiale axée sur la fermeté et la souplesse. En ce sens, les parents, lors d’une sanction appliquée à leur enfant, se doivent d’appuyer l’enseignant à défaut de quoi ils contribueront à créer un climat néfaste à l’équilibre d’une saine maturité de leur enfant.

En résumé, le mythe de l’enfant-roi est inconciliable avec la vie en société jonchée d’écueils à surmonter pour parvenir à un sain mode de vie. Les élèves, sous leur apparence négative vis-à-vis l’autorité, ont fondamentalement besoin d’un adulte dont l’autorité est manifeste, une autorité basée sur le principe de la main de fer dans le gant de velours Et, en ce sens, l’établissement d’un cadre fonctionnel autant à l’école qu’à la maison est d’une importance capitale pour former les jeunes au plein épanouissement de leur personnalité.

Le Soleil (version numérique) 2 août 2024 
vigile.quebec tribune libre 6 août 2024
Le Devoir 12 août 224
 

Le déclin de l’empire américain 2.0

25 juillet 2024

Réalisé en 1986 par Denys Arcand, Le déclin de l’empire américain relate le fossé qui s’est creusé entre les mœurs sexuelles de quatre hommes et de quatre femmes lors d’une discussion qui s’éternisera toute la nuit, et qui apportera ses lots de réflexions qui ébranleront la vie de certains d'entre eux.

Or aujourd’hui, l’épineux dossier de l’avortement se retrouve au coeur des thèmes abordés en campagne électorale américaine, les républicains se rangeant derrière les pro-vie et les démocrates, derrière le droit à l’avortement. Et, de surcroît, la nomination de J D Vance à titre de colistier de Donald Trump vient agrandir l’écart, ce dernier étant un des défenseurs les plus radicaux du mouvement pro-vie.

Dans cette foulée, l’existence même de la démocratie, étroitement liée à la liberté d’expression, est fortement remise en question via le rôle de la femme dans la société américaine qui bascule littéralement au milieu du 20ième siècle au moment où la femme devait se limiter à procréer et à demeurer à la maison pour élever sa progéniture.

Enfin, l’hypothèse de l’élection du républicain d’extrême droite Donald Trump à titre de président des États-Unis ne fait qu’amplifier les écueils auxquels les Américains de la gauche seraient confrontés, et aviver la flamme du déclin de l’empire américain.

vigile.quebec tribune libre 24 juillet 2024
 

Biden jette l’éponge

23 juillet 2024

Sans grande surprise, le président sortant, Joe Biden, a annoncé son retrait de l’investiture à titre de représentant des démocrates à la course à la présidence des États-Unis lors du scrutin du 5 novembre. Une décision qui survient particulièrement à la suite de voix des hautes instances démocrates qui se sont élevées pour exiger son retrait de la course.

Depuis le débat contre Donald Trump, les manifestations d’inquiétudes n’ont cessé de s’accroître eu égard aux capacités intellectuelles et physiques du président lors de ses sorties publiques. La tension pesait lourdement sur les épaules du président qui n’avait d’autre choix que de jeter l’éponge et de céder la place à sa vice-présidente, Kamala Harris.

Dès lors, comment Donald Trump réagira-t-il devant le scénario d’une nouvelle adversaire? Nul doute que son plan d’attaque, fidèle à son style désobligeant, sera érigé autour d’attaques personnelles envers la vice-présidente. le dossier de l’immigration que lui avait confié expressément Joe Biden, étant un fiasco dont Trump se servira pour lancer ses flèches sur Kamala.

De son côté, Mme Harris bénéficie de ce que j’appellerais la «chance du débutant» à titre de candidate démocrate à la présidence des États-Unis, un avantage qui forcera Donald Trump à changer sa stratégie. En bref, à partir de maintenant, nous assisterons à une nouvelle campagne électorale dans laquelle tous les scénarios sont devenus possibles.

Le Devoir 23 juillet 2024
vigile.quebec tribune libre 24 juillet 2024
 

Trump récolte ce qu’il a semé

17 juillet 2024

D’entrée de jeu, il m’apparaît essentiel de condamner vertement la tentative d’assassinat perpétré contre Donald Trump. Toutefois, force est de constater que, depuis son accession sur la scène politique américaine en 2016, l’ex-président américain a multiplié les attaques violentes et haineuses, particulièrement envers le président Biden.

Fort d’une attitude de victimisation relativement aux dossiers judiciaires dont il a été trouvé coupable à la suite d’une «chasse aux sorcières», l’attentat de Butler, en Pennsylvanie vient confirmer, à mon sens, la suite logique de ses nombreuses manifestations verbales de violence, notamment sa participation à la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

Par ailleurs, si certains experts s’attendent à ce que Donald Trump lance un appel à l’unité nationale lors de son allocution à la convention républicaine à Milwaukee, j’ai plutôt tendance à croire que le discours de Donald Trump convergera vers ses attaques habituelles contre les démocrates qu’il a déjà accusés de complicité dans l’attentat de Milwaukee, une version utilisée par J.D. Vance, celui-là même que Trump a déjà désigné comme son colistier à la vice-présidence.

Il en a fallu de peu pour que l’attentat contre Trump tourne en assassinat. Toutefois, je demeure convaincu que cet événement ne fera qu’accroître son image de martyre et qu’il persistera avec véhémence dans ses attaques verbales contre les démocrates. Donald Trump est un guerrier dans l’âme et la haine de l’adversaire, son arme de prédilection.

vigile.quebec tribune libre 16 juillet 2024
 

Joe Biden, détermination ou entêtement?

17 juillet 2024

Depuis le débat opposant Joe Biden à Donald Trump, les yeux du monde entier sont rivés sur les apparitions publiques du président sortant, scrutant à la loupe ses moindres paroles et gestes, et ce nonobstant sa performance somme toute acceptable lors de sa conférence de presse clôturant le sommet de l’OTAN. Quoiqu’il en soit, peut-être est-il opportun de se demander si Joe Biden fait preuve de détermination ou d’entêtement.

À cet effet, mes recherches sur Google m’ont conduit à ces définitions: la détermination est «l’acte de décider définitivement et fermement» alors que l’entêtement est «le fait de persister dans un comportement volontaire sans tenir compte des circonstances».

D’entrée de jeu, on ne peut reprocher à Joe Biden de manquer de détermination dans ses propos, notamment eu égard au fait qu’il est le seul qui peut battre Donald Trump lors du scrutin de novembre. D’autre part, cette assertion ne repose sur aucune preuve tangible et, en ce sens, frise l’entêtement.

En ce qui a trait à son âge avancé, Joe Biden en fait carrément abstraction comme s’il était à l’abri des séquelles de la vieillesse, tels ses nombreux lapsus, le dernier en liste étant d’avoir confondu Volodymyr Zelensky pour Poutine.

Mais là où le bât blesse avec le plus d’acuité s’inscrit dans le fait que Joe Biden se présente à titre de président de la plus grande puissance au monde, un poste qui exige énormément de rigueur et de vivacité intellectuelles compte tenu des décisions stratégiques qu’il est appelé à prendre à tout moment.

S’il est élu, Joe Biden aura 85 ans à la fin de son mandat, et d’ici là, les signes reliés à sa vieillesse ne feront qu’augmenter, mettant les États-Unis dans des situations dangereuses, voire cruciales. En conséquence, devant une telle situation dont Biden connaît sûrement les tenants et aboutissants, je suis d’avis que sa détermination se traduit par un entêtement manifestement délibéré.

vigile.quebec tribune libre 16 juillet 2024
 

La souveraineté via les voix des artistes

14 juillet 2024

Les motifs associés aux avantages de la souveraineté du Québec sont généralement rattachés aux aspects socio-économiques dont pourraient bénéficier les Québécois. Or, le mouvement souverainiste nécessite davantage, notamment l’émotion qui lui donne vie. Et c’est là qu’entre en jeu la dynamique culturelle dont les artistes portent le flambeau.

Toutefois, elle est bien loin l’époque où les Leclerc, Vigneau, Charlebois, Séguin, Piché et bien d’autres soulevaient les foules au son de leurs paroles et de leurs musiques porteuses d’un élan nationaliste mobilisateur. En ces temps-là, les artistes affirmaient haut et fort leur allégeance politique et contribuaient de la sorte à construire un pont symbolique entre la politique et la musique.

Aujourd’hui, les temps ont changé. Nonobstant quelques chansons québécoises qui effleurent à peine le nationalisme québécois, les artistes n’osent plus prendre le bâton du pèlerin et s’affirmer comme des défenseurs de notre langue et de notre culture de peur de nuire à leur image au sein d’une société dite inclusive.

D’un autre côté, quoique le Parti Québécois (PQ) demeure en tête dans les intentions de vote, la souveraineté demeure encore loin d’une majorité absolue. C’est dire à quel point le seul facteur économique ne peut atteindre les cordes sensibles des Québécois. À cet effet, à ma connaissance, tout au cours de l’histoire des peuples qui ont acquis leur indépendance, jamais elle n’a été obtenue essentiellement pour des raisons économiques.

Conséquemment, il m’apparaît souhaitable, voire nécessaire, que le PQ et le Bloc recréent la jonction avec les artistes et, de la sorte, raniment le lien affectif des Québécois envers leur nation.

vigile.quebec tribune libre 11 juillet 2024
Le Soleil (version numérique) "Souveraineté: recréer la jonction avec les artistes" 16 juillet 2024