Doit-on baliser les absences des élèves?

24 février 2025

Du temps où j’’occupais le poste de directeur d’école au secondaire, l’élève s’étant absenté de l’école, et ce peu importe le nombre de jours, devait présenter à son responsable un billet signé par un parent motivant les raisons de son absence. Dans le cas contraire, les parents étaient automatiquement contactés par téléphone et, dans l’hypothèse d’une absence non-motivée, l’élève écopait d’une sanction.

Or aujourd’hui, le phénomène de l’absentéisme des élèves s’accroît de manière inquiétante pour des motifs reliés notamment à la participation à des compétitions sportives ou artistiques, ou à des voyages liés à des vacances en famille. Une situation fort préoccupante qui dénote de toute évidence une forme de laxisme irresponsable de la part des parents dont la responsabilité première est de veiller à favoriser la présence en classe de leur enfant d’autant plus que l’enseignant n’est pas tenu d’offrir quelque travail scolaire de récupération pendant l’absence de l’élève liée à ces activités extra-scolaires.

La présence du jeune à l’école, hormis les absences pour des motifs de santé justifiables, est obligatoire. Dans ce contexte, elle doit être encadrée à l’intérieur de balises qui déterminent une limite du nombre de journées d’absence acceptables au cours d’une année scolaire. En revanche, les parents doivent être sensibilisés aux conséquences des absences non-motivées de leur enfant, notamment les retards accumulés sur les matière concernées pouvant conduire à une démobilisation de l’élève, voire à son décrochage. Conséquemment, la collaboration entre les parents et l’école s’avère essentielle à la bonne marche de la mission éducative de l’école qui implique, entre autre, la responsabilisation de toutes les parties prenantes au développement global de l’adulte en devenir.

vigile.quebec tribune libre 24 février 2025

Élan patriotique

23 février 2025

«Vous ne pouvez pas prendre notre pays et vous ne pouvez pas prendre notre sport», a déclaré sur X le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, à la suite de la victoire de 3-2 du Canada sur les Américains en finale de la Confrontation des 4 nations. Une partie qui s’est déroulée sous haute tension patriotique, résultat des déclarations sans cesse répétées du président américain, Donald Trump, eu égard à ses velléités d’annexer le Canada comme 51ième État des USA. Le TD Garden de Boston était littéralement survolté lorsque l’attaquant vedette et capitaine des Oilers d’Edmonton, Connor McDavid, enfila le but de la victoire pour le Canada en période supplémentaire. Rarement, depuis la victoire du Canada contre l’URSS à l’occasion de la série du siècle de 1972, un match de hockey entre deux nations n’a suscité autant d’élan patriotique dans les gradins. Dans ce contexte de vibrante fébrilité émotive, les Canadiens ont remporté une double victoire sur les États-Unis, une à l’égard de l’unifolié rouge et blanc, une autre, de notre sport national.

vigile.quebec tribune libre 23 février 2025

Chapeau à Chantal Kreviazuk

23 février 2025

L’interprétation de l’hymne national canadien par Chantal Kreviazuk d’origine ukténienne, auteur-compositrice- interprète canadienne née en 1973 à Newton, au Manitoba, à l’occasion de la finale de la Confrontation des 4 nations entre le Canada et les États-Unis, a sorti subtilement de son cadre, transformant le passage qui dit «in all of us command» pour «that only us command», un pied de nez au président américain Donald Trump à l’égard de ses intentions d’annexer le Canada comme 51ième état des États-Unis, et de son mépris éhonté envers l’Ukraine, le pays de ses ancêtres. Chapeau à vous, Mme Kreviazuk, pour votre courage et votre patriotisme affirmé avec fierté.

vigile.quebec tribune libre 23 février 2025

Le chemin de Damas d’Enrico Ciccone

21 février 2025

Il est de notoriété publique que le député libéral de Marquette et ex-joueur de la LNH, Enrico Ciccone, avait la réputation de bagarreur au hockey, à preuve sa présence de 1469 minutes au banc des pénalités en 374 parties. Or depuis son accession à l’Assemblée nationale, celui qu’on qualifiait du surnom peu reluisant de «goon» sur la patinoire s’est donné comme défi de combattre le phénomène systémique des bagarres dans le hockey.

Il n’en fallait pas davantage pour que notre premier ministre n’intervienne en chambre en déclarant qu’il «pense que ça n’a pas sa place, ce qu’on a vu avec les deux frères Tkachuk, comme ça n’avait pas sa place, le rôle que jouait le député de Marquette quand il jouait au hockey». Et, pour ajouter à son offense cinglante, Enrico Ciccone prétend que François Legault lui aurait aussi lancé, à micro fermé, qu'il n’aurait même pas eu de réelle carrière de hockeyeur n’eût été son style bagarreur.

«J’ai pris ma retraite à 30 ans. J’ai toujours dû prouver à tout le monde qu'on n'est pas des imbéciles, les joueurs de hockey, qu'on est capables d'avoir une voix, qu'on est capables de faire changer les choses. C’est pour ça que je suis à l'Assemblée nationale aujourd'hui. C'est ma mission», a fait savoir M. Ciccone. «Puis, un chef d'État me dit : toi, tu ne serais pas ici si tu ne t'étais pas battu.» Diplomate, notre premier ministre, non?

En concentrant toutes ses énergies sur son combat contre les coups de poing en plein visage lors des matchs de hockey, le bagarreur Enrico Ciconne a choisi d’entreprendre un long chemin de Damas, sa réputation le devançant étant perçue par certains amateurs de hockey, dont le premier ministre, comme un obstacle à sa crédibilité.

En revanche, je suis plutôt d’avis que son passé, à l’exemple de plusieurs personnalités publiques, tel René Lévesque qui est devenu premier ministre du Québec malgré son expulsion du Collège des Jésuites durant ses études classiques en raison de ses mauvaises notes, lui permet de se conscientiser au phénomène des bagarres et, de facto, d’y apporter des pistes de solutions concrètes et constructives. Persévérez dans votre «mission», M. Ciccone, la qualité du hockey ne s’en portera que mieux.

vigile.quebec tribune libre 20 février 2025

Mark Carney, un feu de paille?

21 février 2025

De toute évidence, l’arrivée de Mark Carney à titre de candidat à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) a suscité une remontée en flèche des libéraux dans le dernier sondage Angus Reid qui donne 37% des électeurs pour le PLC dirigé par Mark Carney si des élections avaient lieu immédiatement contre 40% pour le Parti conservateur du Canada (PCC). Par les temps qui courent, l’ex-gouverneur de la Banque du Canada surfe littéralement sur une vague de popularité.

Par ailleurs, nonobstant son expertise certaine dans le monde des finances, force est de constater que Mark Carney n’a aucune expérience en politique active. Or en très peu de temps, il aura à affronter, entre autres, le vieux loup de mer, Pierre Poilièvre qui, lui, baigne dans le monde de la politique depuis des décennies. De ce fait, comment, s’il est élu chef du PLC, Mark Carney fera-t-il face et réagira-t-il aux attaques en règle du chef du PCC? Autre interrogation, le potentiel nouveau chef du PLC parviendra-il à répondre du tac au tac à ses adversaires dans la langue de Molière avec célérité et justesse dans le contexte du débat des chefs en français?

Dans l’hypothèse où il est désigné chef du PLC, Mark Carney héritera d’un parti ébranlé fortement par la démission fracassante de Christia Freeland et le désaveu général de Justin Trudeau de la part de son propre caucus. De surcroît, le gouvernement Trudeau a enregistré un déficit de 61,9 milliards de dollars pour l’exercice qui s’est terminé le 31 mars 2024, contre un déficit de 35,3 milliards de dollars pour l’exercice précédent.

Dans un contexte aussi fragilisé, Mark Carney arrivera-t-il à incarner le sauveur espéré par les partisans du PLC ou ne sera-t-il qu’un feu de paille éphémère? Le défi est énorme, les écueils du règne Trudeau jonchent encore le chemin de la réconciliation avec les électeurs. Entre temps, le banquier doit descendre dans la rue pour y troquer ses actionnaires contre ses potentiels électeurs… et espérer une victoire le jour du scrutin.

vigile.quebec tribune libre 19 février 2025

L’hymne national américain au banc des accusés

18 février 2025

L’interprétation des hymnes nationaux au début des matchs de hockey a pris naissance lors de la Deuxième Guerre mondiale en guise de rappel à la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie au cours de cette période historique légendaire. Or aujourd’hui, la politique impérialiste du président des États-Unis, Donald Trump, notamment à l’égard de ses velléités répétées à outrance d’annexer le Canada comme 51ième État, est venue envenimer les relations entre les Canadiens et les Américains à tel point que l’hymne national des USA a été copieusement huée lors du match entre les États-Unis et le Canada au Centre Bell dans le cadre de la Confrontation des 4 nations.

En revanche, des voix s’élèvent contre la pertinence de ces huées alléguant, entre autres, la confusion, voire la distorsion entre la politique américaine actuelle et le sentiment patriotique voué aux soldats morts au combat. Enfin bref, les anti-huées arguent que les pro-huées confondent les tomates avec les oranges, une position qui, à mon point de vue, est difficilement contestable.

Par ailleurs, les partisans du Canada ont entonné l’Ô Canada avec une ferveur rarement exprimée avant un match de hockey. Réveil patriotique? À mon sens, il faut faire preuve de prudence à l’égard de cette question. Je suis plutôt d’avis que ce regain de «ferveur patriotique» émerge d’un contexte politique particulier et circonstanciel, et qu’en ce sens, il risque de s’effriter peu à peu avec le temps.

Face à un tel constat d’affrontement oiseux et contre-productif qui bafoue sans vergogne les faits historiques qui ont contribué à instaurer l’interprétation des hymnes nationaux dans le sport, ne serait-il pas opportun d’envisager sérieusement le retrait de cette tradition qui, de toute évidence, est devenue désuète et ne répond plus du tout à ses attentes initiales? Une question qui mérite tout au moins d’être envisagée de la part de la haute direction des équipes sportives professionnelles et de la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest.

vigile.quebec tribune libre 18 février 2025

Un coup d’épée dans l’eau?

16 février 2025

Le congédiement de onze enseignants de l’école Bedford en octobre 2024 pour avoir contribué à créer un climat toxique à l’école en lien notamment avec certaines matières peu ou pas enseignées, la négation des troubles d’apprentissage ou l’autisme, des cris et des techniques basées sur l’humiliation, l’obstruction des fenêtres» pour éviter la surveillance auront déclenché un mouvement de panique qui a conduit à la création d’un comité restreint de deux «accompagnateurs indépendants» qui ont été dépêchés par le ministère de l’Éducation et qui recommandent, entre autres, que tous les enseignants soient soumis à une «évaluation formative» par leur direction d’école tous les deux ans.

À cet effet, je m’interroge sérieusement sur l’origine de l’élément déclencheur de cette proposition. En un mot, ne sommes-nous pas placés en présence d’une souris qui accouche d’un éléphant? En réalité, les signataires de cette proposition partent d’un fait isolé pour appliquer un correctif à l’ensemble des enseignants du Québec, un constat qui m’amène à penser que la proposition reliée à l’évaluation de tous les enseignants risque de se transformer en un coup d’épée dans l’eau.

Les velléités d’établir une politique d’évaluation de tous les enseignants n’est pas nouvelle, plusieurs tentatives ont déjà été mises de l’avant, sans succès. Par ailleurs, la saga de l’école Bedford n’aurait pas dû avoir lieu, les comportements marginaux de certains enseignants d’origine maghrébine étaient connus depuis des mois, voire des années et, de facto, la direction de l’école bénéficiait de tous les éléments pour intervenir rapidement et efficacement contre ces enseignants…ce qui n’a manifestement pas été fait.

Si certains acteurs du monde de l’éducation désirent à tout prix relancer l’idée d’une politique d’évaluation de tous les enseignants, il m’apparaîtrait souhaitable, voire davantage pertinent, de partir sur des bases positives reposant sur des données probantes en didactique de l’enseignement. Dès lors, peut-être que le débat entre tous les intervenants du milieu éducatif, y compris les syndicats, pourrait permettre de progresser à petits pas dans ce chantier à multiples obstacles, mais combien emballant!

vigile.net tribune libre 16 février 2025

De l’Institut national d’excellence en éducation

15 février 2025

Près d’un an après l’échéance prévue, l’Institut national d’excellence en éducation (INEE), dont la mission est de «promouvoir l’excellence des services éducatifs», devrait finalement voir le jour à l’été 2025. «Il est primordial d’adapter les formations et les pratiques sur le terrain à un monde en perpétuelle transformation. C’est pourquoi nous avons besoin d’un institut indépendant, qui recense et diffuse les meilleures pratiques pédagogiques et les méthodes d’enseignement les plus avancées, celles qui ont fait leurs preuves pour répondre aux besoins des élèves», plaide le ministre de l’Éducation Bernard Drainville.

Les 13 membres de l’INEE, dont le p.-d.g et le président de son conseil d’administration, doivent être nommés par le gouvernement, sous recommandation du ministre de l’Éducation. De ce fait, l’efficacité d’un tel organisme m’apparaît étroitement liée à l’expertise des personnes qui y siégeront. Et dans cette foulée, la présence d’anciens enseignants au sein du C.A. de l’Institut lui conférera la crédibilité nécessaire à la promotion des «meilleures pratiques pédagogiques et des méthodes d’enseignement les plus avancées».

En termes clairs, le ministre aura tout avantage à s’entourer de personnes possédant une expérience pratique de l’acte pédagogique et, par ricochet, à éviter la présence de «grands théoriciens» de la didactique dépourvus de toute expertise en éducation. Enfin bref, Bernard Drainville se doit de garder en tête le leitmotiv à l’effet que c’est en enseignant qu’on apprend à enseigner.

vigile.quebec tribune libre 14 février 2025

Bienvenue au royaume des superstructures

15 février 2025

Le gouvernement caquiste de François Legault semble avoir une prédilection pour la création de superstructures particulièrement lorsque certains ministères se voient confrontés à des situations de logistique interne. Ainsi en est-il de l’agence Mobilité Infra Québec, de Santé Québec et de l’Institut national d’excellence en éducation en lien avec le Transport, la Santé et l’Éducation.

Or, dans les faits, ces superstructures ne voilent-elles pas un constat d’échec des structures en place? Et, si tel était le cas, n’aurait-il pas été préférable de pallier les problèmes internes des ministères concernés en s’appuyant sur les données probantes au lieu d’ajouter un étage aux organigrammes déjà existants? En guise de référence, y-a-il quelqu’un au ministère de la Santé qui peut me confirmer une quelconque amélioration des services dans les institutions de santé au Québec depuis l’instauration de Santé Québec?

Le gouvernement en place au Québec excelle dans l’art d’éblouir la «galerie» pour dissimuler habilement une réalité moins reluisante. Santé Québec incarne un exemple patent de ce phénomène. À preuve le salaire faramineux de la p.-d.g de l’organisme, Geneviève Biron, qui se chiffre à plus de 500 000 $ excluant les primes de l’ordre de 100 000 $, s’ajoutant les salaires de la pléiade de top gun qui gravitent autour d’elle. Et quel est le premier geste officiel posé par Santé Québec? Une directive à l’effet de récupérer 1,5 milliard $ dans le système de Santé!

Que ce soit les problèmes dans le Transport en commun, la Santé ou l’Éducation, les solutions existent déjà dans les structures en place, et toute superstructure, loin de répondre aux écueils, ne fera que compliquer davantage la situation sans compter la masse salariale exorbitante puisée dans les poches des contribuables…Bienvenue au royaume des superstructures!

vigile.quebec tribune libre 14 février 2025
Le Soleil (version numérique) 17 février 2025

Le salut dans la fuite

13 février 2025

Un total de 193 jeunes médecins du Québec qui pratiquent depuis moins de cinq ans se sont désaffiliés de la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ) en date du 13 janvier 2025, une augmentation importante de 192% depuis 2019, la grande majorité des jeunes médecins concernés, soit 79%, étant des omnipraticiens. Ce qui représente une perte d’effectifs que le gouvernement veut éviter en leur interdisant d’aller au privé dans les cinq premières années de leur pratique, à défaut de quoi ils s’exposent à des amendes allant jusqu’à 100 000$ par jour. Une mesure vivement dénoncée par tous les syndicats de médecins qui allèguent notamment que les cliniques vont simplement recruter des médecins plus âgés. Et de surcroît, selon un récent sondage, la Fédération des médecins étudiants du Québec évoque que 57% de ses membres envisagent de poursuivre leurs études en résidence hors Québec si le projet de loi est adopté.

L’exil des médecins fraîchement émoulus des facultés de médecine des universités vers le secteur privé incarne certes un phénomène inquiétant sur lequel doit se pencher le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Pour l’instant, la seule mesure avancée par le ministre repose sur la contrainte à l’exemple du père qui menace son enfant de le priver de dessert s’il ne mange pas le repas principal.

Or les motifs généralement invoqués de la part des jeunes médecins pour justifier leur choix vers le privé ont trait à la lourdeur de la tâche, à un horaire inflexible et au cantonnement de pratique à une même région. En réalité, ils demandent des mesures attractives qui répondent à leurs besoins, l’approche coercitive impliquant une stratégie qui, selon moi, ne fait que provoquer une confrontation malsaine et anti-productive.

En bref, le réseau de la santé public du Québec est malade, la liste d’attente pour des chirurgies urgentes ne cesse de s’accroître, des postes d’infirmières et infirmiers sont abolis dans la foulée de l’urgence décrétée par Santé Québec de couper 1,5 milliard $ dans les CISSS et les CIUSSS. Dans un tel contexte démobilisant, il n’est pas étonnant que le nouveau médecin qui aspire soigner des personnes malades puisse commencer sa carrière dans un climat propice à répondre à ces aspirations, on ne peut plus, légitimes.

vigile.quebec tribune libre 13 avril 2025