Legault sort un lapin de son chapeau

1 mars 2023

Le premier ministre François Legault, avec la complicité de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a sorti un lapin de son chapeau au moment même où les négociations du secteur public sont à peine entamées. Il crée trois forums hors de la traditionnelle table de négociation afin de « discuter autrement pour changer les choses » dans les réseaux de la santé et de l’éducation.

Le hic, c’est que les négociations au Québec, depuis des lunes,sont régies par des lois. Le Code du travail a été fait pour que les gens puissent négocier d’égal à égal.alors que les forums permettraient au gouvernement de choisir et contrôler les sujets abordés, tout en se soustrayant aux lois qui encadrent les négociations.

De leur côté, les syndicats critiquent depuis des semaines le gouvernement eu égard à la lenteur des pourparlers à la table, où, disent-ils, ils sont prêts à régler les problèmes dont souffrent ces deux réseaux. Ils estiment qu’avec ses forums, le gouvernement cherche à passer outre le processus normal de négociation. 

En réalité, le comité patronal de négociation, avec Sonia LeBel en tête, tente de brouiller les discussions, voire les jasettes, qui sortiront de ces forums pour ensuite les reprendre à sa charge lorsque arrivera le temps de négocier aux tables de négociations.

Enfin, le processus traditionnel de négociation, même s’il s’avère souvent ardu, en fait ses preuves, et ce ne sont pas les forums de la présidente du Conseil du trésor qui contribueront à accélérer toute forme de règlement… À mon avis, ce serait plutôt le contraire!

Le Devoir 28 février 2023
vigile.quebec tribune libre 3 mars 2023

Le mea-culpa de François Legault

27 février 2023

Le premier ministre François Legault a finalement admis que, comme il s’y était engagé en 2018 allant même jusqu’à mettre son siège en jeu, son gouvernement n’arrivera pas à créer toutes les classes de maternelle 4 ans d’ici la fin de l’année en cours, en raison essentiellement de la pénurie de locaux et de personnel dans le réseau de l’éducation. « À l’impossible, nul n’est tenu », a-t-il argué, citant en passant le conseil de sa conjointe, Isabelle Brais.

Tel qu’exprimé par le professeur de science politique à l’Université Laval Thierry Giasson, « Monsieur Legault a frappé avant d’être frappé. […] Il a pu cadrer la réalité, le contexte, fournir des explications et déterminer la suite des choses. Là, le cadrage qui est présenté est : le contexte ne nous permet pas de livrer la promesse.  D’un point de vue communicationnel, c’est assez impeccable comme stratégie ».

C’est bien connu, en politique, la langue de bois constitue un langage utilisé régulièrement. Par contre, avouer qu’« à l’impossible, nul n’est tenu », incarne une stratégie qui sort littéralement de l’ordinaire et qui confère à François Legault une humilité qui ne peut que lui être bénéfique, voire salutaire.

Enfin, à sa défense, en 2018, le gouvernement Legault a pris la pleine mesure des défis posés par le manque d’espace et de personnel dans les écoles seulement après avoir pris les commandes de l’État et avoir été sensibilisé par les fonctionnaires au problème d’espace et au manque de personnel. Et la COVID-19 a frappé. Et la CAQ s’est retrouvée piégée.

Conséquemment, pour employer le style pour le moins coloré du ministre de l’Éducation Bernard Drainville,  «vaut mieux dire la vérité que de bullshiter ». 

vigile.quebec tribune libre 27 février 2023 

PSPP passe à l’attaque

27 février 2023

Dans une lettre envoyée au premier ministre François Legault publiée sous la rubrique Faites le différence du Journal en date du 27 février, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), passe à l’attaque eu égard à la série d’échecs provenant d’Ottawa dans différents dossiers prioritaires au cours des derniers mois.

PSPP mentionne, entre autres, les négociations sur les transferts en santé qui ont abouti à un maigre milliard du fédéral pour assurer la pérennité de notre système de santé, la façon cavalière avec laque Ottawa a balayé du revers de la main la proposition unanime de l’Assemblée nationale d’assujettir les entreprises à charte fédérale à la loi 101, le fiasco du chemin Roxham qui, de toute évidence, restera ouvert malgré la demande pressante de Québec de le fermer, sans compter le rapatriement des budgets fédéraux en culture, la prépondérance des lois du Québec en matière environnementale, la déclaration de revenus unique, et la demande de ne pas contester les lois démocratiquement adoptées par l’Assemblée nationale.

Conséquemment, PSPP demande au premier ministre de mettre sur pied une Commission spéciale sur l’avenir du Québec, version 2023, arguant que toutes les raisons évoquées ci-dessus le justifient amplement. « Je crois aussi qu’on ne peut plus se contenter d’être uniquement fâché et de n’avoir aucune réponse face aux nombreux refus et attaques répétées du fédéral envers la démocratie québécoise. Il est temps de se donner, collectivement, un réel rapport de force », conclut PSPP.

Malheureusement, je ne crois pas que François Legault abondera dans le sens de PSPP pour la simple raison qu’il n’est pas intéressé du tout à remettre sur la table la notion de souveraineté du Québec qui risque d’apparaître chez certains participants comme solution alternative permettant au Québec d’établir un véritable rapport de force contre Ottawa…Pour utiliser un vieux cliché, François Legault, nationaliste fédéraliste un jour, nationaliste fédéraliste toujours…

vigile.quebec tribune libre 27 février 2023
 

Vocabulaire inapproprié du ministre de l’Éducation

25 février 2023

Ce n’est pas la première fois que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, utilise un vocabulaire inapproprié lors d’un point de presse ou d’une entrevue. Cette fois-ci, parlant du report des maternelles 4 ans, le ministre a lancé qu’il était préférable de « dire la vérité plutôt que de bullshiter ».

La classe politique a immédiatement réagi, et à raison, à l’emploi d’un anglicisme tout à fait inapproprié, particulièrement sortant de la bouche du ministre de l’Éducation du Québec. «Pour un ministre qui indiquait en chambre le même jour que le français est sa priorité, il devrait donner l’exemple. Il n’est plus à la radio privée, il est à la tête du ministère de l’Éducation», a signalé de son côté le porte-parole péquiste en matière de langue française, Pascal Bérubé.

Nonobstant le fait que Bernard Drainville se targue d’être un politicien transparent, je suis d’avis que la langue française foisonne de termes précis pour que le ministre puisse s’exprimer dans un français digne des fonctions qu’il occupe tout en demeurant fidèle à son désir de transparence.

Enfin, M. Drainville devra se sortir de son rôle d’animateur de ligne ouverte à la radio, et atterrir rapidement sur la scène politique québécoise, à défaut de quoi sa « transparence » à tous crins risque d’assombrir son image de politicien, voire sa crédibilité.

vigile.quebec tribune libre 25 février 2023

L’aide médicale à mourir pour mourir dans la dignité

24 février 2023

Dans un article publié par Nathalie Elgrably dans le Journal du 23 février sous le titre « Pourquoi vénérer la « liberté » avec l’euthanasie? », l’autrice assimile à tort l’aide médicale à mourir à l’euthanasie qui, en passant, n’est légale que dans cinq pays, soit la Colombie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et l'Espagne. Et, à partir de cet amalgame inapproprié, elle dénigre ce qu’elle appelle l’euthanasie (mais qui est en réalité l’aide médicale à mourir) en arguant que « l’accès à l’injection létale serait, dit-on, une question de « liberté » et de dignité »

Par ailleurs, à la suite d’une petite recherche effectuée sur la toile, j’ai appris, de sources sûres, que l'aide médicale à mourir vise à aider une personne atteinte d'une maladie grave et incurable à être accompagnée à sa demande par les médecins, après avis collégial, pour bénéficier d'une sédation terminale lui permettant d'en finir avec l'existence alors que l'euthanasie vise à administrer, au sein même de l'hôpital, à la demande d'un patient en phase terminale, un cocktail létal de médicaments sédatifs

De ces définitions, je ressors deux éléments distinctifs fondamentaux. Primo, le patient qui reçoit l’aide médicale à mourir est « atteint d’une maladie grave et incurable, alors que celui qui demande l’euthanasie est « en phase terminale ». Secundo, la décision d’accorder l’aide médicale à mourir se prend « en collégialité » dans un continuum de sois tandis l’euthanasie ne requiert que la « demande d’un patient ».

Enfin, je suis sidéré par la froideur de Nathalie Elgrably lorsqu’elle écrit que « sachant que les derniers mois de la vie sont ceux qui coûtent le plus cher au système de santé, comment ne pas voir dans cet empressement à élargir l’euthanasie (lire aide médicale à mourir) non pas une volonté d’apaiser la douleur mais un subterfuge pour réaliser des économies et alléger la pression sur les finances publiques? » Une question bassement économique sur un sujet aussi sérieux que la fin de vie d’un être humain…Tout simplement scandaleux!

vigile.quebec tribune libre 23 février 2023

La saga du chemin Roxham

22 février 2023

Le ton a monté d’un cran du côté de François Legault eu égard à l’afflux considérable des immigrants qui s’installent au Québec via le chemin Roxham. En effet, le premier ministre, cette fois-ci, a changé les paroles pour les écrits, rendant de la sorte la communication plus officielle.

Dans sa lettre adressée personnellement à Justin Trudeau, François Legault exige que les migrants arrivant par le chemin Roxham soient redirigés vers les autres provinces, le Québec ayant atteint un point de saturation eu égard à la capacité d’accueil de nouveaux arrivants. Cette façon de faire, argue-t-il, devrait être en vigueur jusqu'à ce que soit revue avec Washington l'Entente sur les tiers pays sûrs. À cet effet, François Legault invite d'ailleurs Justin Trudeau à en faire un sujet prioritaire lors de sa prochaine rencontre avec le président Joe Biden, en mars à Ottawa.

Sans jouer les prophètes de malheur, je ne crois pas que la missive de François Legault va avoir quelque influence sur la propension viscérale de son homologue fédéral pour l’accueil en masse de migrants, pierre angulaire du multiculturalisme de Trudeau fils.

En ce qui a trait à l’idée de François Legault de faire de l’Entente sur les tiers pays sûrs un « sujet prioritaire » lors de la visite de Joe Biden, je suis d’avis que le président américain a d’autres chats à fouetter du côté sud de sa frontière.

Enfin, tant et aussi longtemps que Québec proposera et qu’Ottawa disposera, les demandes de Québec risquent de rester lettres mortes, le dernier chapitre sur les transferts en santé en faisant foi sans coup férir.

vigile.quebec tribune libre 21 février 2023

Où est passée la combativité de François Legault?

20 février 2023

Dans une autre vie, du temps où le jeune et fringant François Legault rêvait de faire du Québec un pays, rien ni personne ne pouvaient arrêter ses élans de ferveur envers l’indépendance du Québec.

Or, depuis sa première campagne électorale en 2018, le candidat au poste de premier ministre du Québec a juré de faire de l’éducation sa première priorité. Et pourtant force est de constater que plus de quatre ans plus tard, l’éducation est embourbée dans un tourbillon sans fin dans lequel le monde de l’éducation est en manque d’amour.

En faisant élire 90 députés caquistes en octobre 2022, François Legault clamait qu’une telle majorité lui permettrait de posséder le mandat fort nécessaire pour aller chercher de nouveaux pouvoirs à Ottawa. Eh bien, ni le dossier de l’immigration ni celui des transferts en santé n’ont donné les résultat escomptés. Et, par ailleurs, notre premier ministre s’est rallié avec obéissance aux « graines » de Justin Trudeau dans les transferts en santé, et n’aborde plus les ambitions démesurées du premier ministre canadien en ce qui a trait au nombre d’immigrants prévus au Canada et, par ricochet, au Québec.

À mon avis, la richesse est devenue l’obsession du premier ministre. François Legault ne cesse de clamer que la richesse du Québec est 16 % plus faible que celle de l’Ontario. Et, pour lui, c’est inacceptable. Il est prêt à tout pour inverser cette tendance. Et tout cela implique un laisser-aller des services sociaux, tels l’éducation et la santé. La construction de barrages est devenue la pierre angulaire de son action politique. Conséquemment, il m’apparaît clair que dorénavant la combativité de François Legault sera concentrée tous azimuts sur l’économie.

vigile.quebec tribune libre 19 février 2023
 

Le juge Rouleau donne raison à Trudeau « à contrecoeur »

19 février 2023

Dans un imposant document de plus de 3200 pages tenant sur cinq volumes, le fruit de la comparution de 76 témoins parmi lesquels des policiers, des manifestants, des fonctionnaires et des politiciens municipaux et fédéraux, puis toute une série d’experts, le juge Paul Rouleau approuve l’invocation des mesures d’urgence par le fédéral pour mettre fin au Convoi de la liberté en 2022 à « contrecoeur », en soulignant que ce dérapage aurait pu être évité.

Parmi les écueils cités par le juge se trouve un manque de coordination inacceptable des forces de l’ordre, notamment de la police de Toronto qui n’a démontré aucune visibilité au cours du conflit.

Sur le plan politique, deux incidents ont retenu l’attention du Juge Rouleau, à savoir le refus de témoigner du premier ministre Ontarien, Doug Ford, alors que la crise faisait rage dans sa propre province, et les paroles provocatrices de Justin Trudeau qui a qui a qualifié les manifestants de « petite minorité marginale », un manque élémentaire de diplomatie qui à eu l’heur de jeter de l’huile sur le feu qui était déjà ardent… nonobstant les excuses mielleuses du principal intéressé un an plus tard!

Le commissaire Rouleau croit que ce dérapage est la conséquence d’une « incapacité à prévoir un tel moment ». Il croit qu’une meilleure collaboration entre les ordres de gouvernement fédéral, provincial et municipal, aurait permis d’éviter le débordement. À cet effet, le juge fait sienne la déclaration d’une experte qui a qualifié l’affaire d’« échec du fédéralisme ».

Dans toute cette saga, bien que les forces policières aient leur part de responsabilité, je suis d’avis que le politique aurait fait preuve de clairvoyance et de coordination en prêtant main forte aux forces de l’ordre en établissant un dialogue constructif avec les manifestants.

vigile.quebec tribune libre 17 février 2023l

Christian Dubé s’en va t’en guerre

19 février 2023

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, se donne un défi titanesque, à savoir un objectif de trois ans pour interdire aux établissements de santé de faire appel aux agences privées.

En présentant son projet de loi 10, le ministre argue que « Québec veut se libérer de ce cercle vicieux où les hôpitaux, CHSLD et autres paient le fort prix pour combler des quarts de travail avec des infirmières, préposés aux bénéficiaires et auxiliaires familiales fournies par le privé ».

Toutefois, le plan du ministre est basé surtout sur le succès de sa collègue Sonia Lebel dans la renégociation des conventions collectives en cours, et les premières offres du gouvernement d’offrir 9% d’augmentation salariale sur 5 ans n’ont pas de quoi susciter un retour massif au public. Pour inciter les quelque 11 278 « équivalents temps complet » du privé dont 2 894 infirmières, à revenir dans le réseau, la présidente du Conseil du trésor devra bonifier les conditions de travail notamment l’abolition du temps supplémentaire obligatoire.

Actuellement, 20 000 employés quittent le réseau chaque année, la plupart pour intégrer le réseau des agences privées. Qu’à cela ne tienne, le ministère de la Santé estime qu’il aura besoin d’attirer environ 120 000 travailleurs dans le réseau dans les cinq prochaines années. 

En résumé, le personnel soignant qui a quitté le réseau public pour rejoindre le réseau privé bénéficie de meilleures conditions de travail et salariales. À mon sens, il faudrait que l’offre du gouvernement à la table de négociation soit similaire aux conditions des agences de santé, à défaut de quoi le ministre Christian Dubé risque de revenir bredouille de sa croisade!

vigile.quebec tribune libre 17 février 2023
Le Soleil (version numérique) 18 février 2023

Les initiations barbares

16 février 2023

Le phénomène des initiations dans le hockey junior canadien existe depuis des décennies. On se doutait bien qu’il se passait des incidents « bizarres » mais jamais personne n’aurait pu s’imaginer que ces séances d’initiation pouvaient dégénérer en des scènes d’une telle barbarie auprès des jeunes recrues mineures.

À titre d’exemples, des bâtons de hockey insérés dans l’anus, des mutilations de parties génitales, des victimes aspergées d’urine ou forcées de se lancer des excréments ainsi que des séances répétées d’humiliation. Des gestes inhumains qui, pour plusieurs, ont hanté leur vie adulte.

« Je me suis fait sauter dessus dans le vestiaire. Ils m’ont jeté sur une table, sur le dos. Ils m’ont bandé les yeux. Je pouvais les sentir uriner sur moi. Ils ont attaché une corde autour de mon pénis, l’ont jetée par-dessus une barre au-dessus de moi et ont attaché un sac de rondelles de l’autre côté. Ils ont jeté des rondelles dans le sac, qui devenait de plus en plus lourd. C’était très douloureux », a partagé une victime en cour.

Or, certaines de ces séances d’initiations ont été encouragées ou négligées ou tolérées ou camouflés, de manière lâche et irresponsable, par des joueurs, entraîneurs ou gestionnaires d’équipes juniors canadiennes.

Du côté de la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, elle demande expressément la fin de telles pratiques d’initiation. « Ça n’a pas d’allure, ces situations-là, c’est carrément de l’abus, c’est de la maltraitance. Je ne comprends pas qu’il y a des adultes qui ont été témoins de ça et qui ont laissé ces événements-là se produire ».

À mon sens, dans un premier temps, les adultes supposément responsables qui ont baissé les yeux devant ces attaques d’une barbarie innommable doivent être tenus imputables et punis de quelque façon. Enfin, un cadre rigide doit être mis sur pied par les directeurs généraux des ligues de hockey junior concernées énumérant les critères acceptables pour tenir une initiation.

vigile.quebec tribune libre 15 février 2023