Profilage racial et droits humains

28 novembre 2022

Le profilage racial fait couler beaucoup d’encre par les temps qui courent. Dans cette foulée, le dernier jugement du juge à la Cour supérieure, Michel Yergeau, condamne les interceptions policières « sans motif réel », alléguant qu’elles contribuent à accentuer le profilage racial. De son côté, le gouvernement Legault qui, soit dit en passant, n’accepte pas l’étiquette de racisme systémique au Québec, a décidé d’aller en appel contre le jugement du juge Yergeau.

À cet effet, je crois utile de rappeler que, lors d’un dernier point de pesse assez récent, François Legault a pris position pour les arrestations aléatoires des policiers, arguant qu’il fallait laisser aux forces de l’ordre les moyens de faire convenablement leur travail. Dans ces circonstances, il n’est donc pas surprenant que le nouveau ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, ait écopé de la tâche d’annoncer la décision de son gouvernement derrière laquelle l’opinion de François Legault se manifeste hors de tout doute.

En réalité, nous assistons ici à un débat entre le judiciaire et le politique. Actuellement, l’ensemble des policiers du SPVM et la majorité des membres de la Fraternité des pompiers adhèrent à la position du juge Yergeau. Le profilage racial va à l’encontre du respect de la justice envers les populations racisées. D’un autre côté, la sécurité publique doit être accordée équitablement à tous les citoyens de toutes races confondues.

En bref, le profilage racial est un fléau complètement inacceptable contre lequel le SPVM doit lutter avec acharnement, à défaut de quoi les tribunaux devront intervenir de façon concertée pour rayer à jamais cette pratique qui attaque les droits humains fondamentaux, notamment l’égalité en droit de tous les êtres humains.

vigile.quebec tribue libre 27 novembre 2022
 

Bras de fer opposant Jolin-Barrette à Lucie Rondeau

25 novembre 2022

Pendant que des milliers de causes judiciaires tardent à se faire entendre compte tenu de délais interminables, les judiciarisés étant les premières victimes de ce chaos, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette et la juge en chef de la Cour du Québec, Lucie Rondeau, se retrouvent dans un cul-de-sac eu égard aux solutions à apporter.

Du côté de la juge Rondeau, son projet de réforme prévoit que les juges siégeront désormais seulement un jour sur deux, afin de tenir compte de la « complexité grandissante des causes entendues ». Or, paradoxalement , elle réclame de Québec la nomination de 41 juges supplémentaires afin d'accélérer la cadence dans les salles de palais de justice.

De son côté, le ministre Jolin-Barrette a calculé que les nouveaux ratios de travail des juges risquaient de faire avorter pas moins de 50 000 dossiers judiciaires au cours de l'année qui vient au Québec, alléguant que de plus en plus de causes seront frappées par l'arrêt Jordan dans les mois qui viennent.

Avant de procéder à un nombre aussi élevé de nouveaux juges, le ministre de la Justice désire obtenir des garanties qu'un tel geste aura un impact significatif sur l'efficacité du système judiciaire, à défaut de quoi il s’objectera à la réforme Rondeau

Au point où en est cette saga, ce sont encore une fois les victimes d'actes criminels qui risquent de faire les frais d'un nouvel affrontement entre les pouvoirs judiciaire et exécutif. Dans un premier temps, je suis d’avis que le projet de réforme de la juge Rondeau ne tient pas la route. Conséquemment, la juge en chef de la Cour du Québec devrait mettre sur la glace sa réforme, et laisser le temps au ministre de la Justice de terminer sa propre réforme, celui-ci alléguant qu' « une réorganisation des horaires et de la charge de travail des juges devra faire partie de la solution ».

vigile.quebec tribune libre 25 novembre 2022
Le Soleil (version numérique) 26 novembre 2022

Entre rêve et réalité

25 novembre 2022

Les défaites crève-coeur des référendums de 1980 et de 1995 ont laissé un arrière-goût amer chez les tenants de l’indépendance du Québec, et les années qui ont suivi ont vu les différents chefs du Parti québécois (PQ) reléguer dans le placard la raison d’être du PQ, à savoir l’indépendance de l’État québécois, arguant que les « conditions gagnantes » n’étaient pas favorables.

Et pourtant, bon an mal an, l’adhésion des Québécois à la cause de la souveraineté du Québec se maintient autour de 40% depuis quelques décennies. Or, comment expliquer les résultats pour le moins décevants du PQ au cours des quelques dernières élections précédentes?

Curieusement, il semble qu’un décalage existe entre les sondages sur la souveraineté du Québec et le moment du vote, comme si les Québécois éprouvaient une certaine crainte face au statut d’un pays du Québec. Les chiffres son éloquents, 40% des Québécois « rêvent » d’un Québec souverain mais à peine 14% ont voté pour le PQ aux élections du 3 octobre dernier.

Cette distorsion s’est accrue davantage depuis l’arrivée de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui prône un nationalisme aplaventriste devant Ottawa tout en espérant naïvement que le fédéral réponde à ses doléances. Qu’à cela ne tienne, plusieurs Québécois se complaisent devant ce « nationalisme » mou comme soupape à leur propension timorée pour la souveraineté du Québec.

En réalité, comme le disait le philosophe romain Sénèque, «Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur».

vigile.québec tribune libre 25 novembre 2022

Le bilinguisme, vous dites?

24 novembre 2022

La Commission sur l’état d’urgence, présidée par le juge Paul Rouleau, un franco-ontarien, a entendu une soixantaine de témoins depuis cinq semaines. Combien de personnes ont témoigné en français? Une seule.

Et ce n’est pas par manque de témoins francophones, au contraire. Le 21 novembre, trois d’entre eux l’étaient. David Vigneault, le grand patron du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Michelle Tessier, la sous-directrice aux opérations du SCRS et Marie-Hélène Chayer, la directrice du Centre intégré d’évaluation du terrorisme du SCRS. Ils ont fait le choix tous les trois de témoigner en anglais alors que le français est leur langue maternelle.

Devant cet état de fait, comment ne pas voir dans l’absence chronique du français à cette commission que la marginalisation du français au gouvernement fédéral se porte à merveille? Par ailleurs, selon un sondage du Commissaire aux langues officielles, près de la moitié des fonctionnaires francophones se sentent mal à l’aise d’utiliser leur langue au bureau. Pendant ce temps, le gouvernement Trudeau tente d’adopter une mouture édulcorée et sous bâillon de sa réforme de la Loi sur les langues officielles et cela, contre l’avis d’experts et de Québec.

En fin d’audience, la commission Rouleau entendra le premier ministre Justin Trudeau. Dans quelle langue fera-t-il valoir ses arguments? Je suis d’avis que le grand défenseur du bilinguisme au Canada utilisera un « harmonieux mariage « des deux langues officielles… tout au moins pour sauver les apparences!

vigile.quebec tribune libre 23 novembre 2022

Poussé par l’élan de la victoire de 1976

22 novembre 2022

Une anthologie à lire pour se souvenir d’un homme politique dont les convictions profondes envers l’indépendance du Québec ne se sont jamais démenties.

Allocution prononcée devant les membres de l’Assemblée nationale française, Paris, 2 novembre 1977 (extrait)

« Il est donc de plus en plus en plus assuré qu’un nouveau pays apparaîtra bientôt démocratiquement sur la carte, là où jusqu’à présent un aurait bien voulu s’apercevoir qu’une de ses provinces parmi d’autres , et là où vit la très grande majorité de ceux que vous appelez souvent « Les Français du Canada » : expression dont la simplicité, qui rejoint quelque chose d’essentiel, est pourtant devenue trompeuse en cours de route.

Mais commençons par tout ce qu’elle conserve d’authentiquement vrai. Sur quelque 2 000 kilomètres du nord au sud et plus de 1 500 de l’est à l’ouest, le Québec est, physiquement, la plus grande des contrées du monde dont la langue officielle soit le français. Plus de quatre sur cinq de ses habitants sont d’origine et de culture françaises. Hors de l’Europe, nous formons donc la seule collectivité importante qui soit française de souche. Nour pouvons, tout comme vous, évoquer sans rire nos ancêtres les Gaulois. Et, comme nous ne sommes pourtant que six millions au coin d’un continent comptant quarante fois plus d’anglophones, même qu’il nous advient de nous sentir cernés comme Astérix dans son village… » (p. 187)

vigile.quebec tribune libre 21 novembre 2022

Jean Lapointe, un personnage authentique

19 novembre 2022

Le décès de Jean Lapointe marque un moment historique de la scène artistique québécoise. De la chanson à l’humour en passant par le cinéma, son immense talent laissera dans la mémoire collective des Québécois des souvenirs impérissables.

Toutefois, le trait marquant qui aura imprimé en lettres d’or toute la vie et la carrière de Jean Lapointe se traduit en un mot, l’authenticité. À cet effet, le refrain de sa chanson « Rire aux larmes » en fait foi : « Rire aux larmes, rire aux larmes/Ça arrive en plein bonheur de rire aux larmes/Rire aux larmes, rire aux larmes/Ça arrive en plein malheur de rire aux larmes ».

Jean Lapointe n’a jamais caché sa dépendance à l’alcool qui a insufflé au philanthrope la création de sa fondation La Maison Jean Lapointe, fondée en 1982 et qui fête cette année ses 40 ans d’existence.

Au cinéma, la série « Duplessis » projetée sur le petit écran en 1978, et dans laquelle Jean Lapointe interprète le rôle-titre, a marqué l’imaginaire québécois par l’authenticité du personnage de Maurice Duplessis.

Le portail internet de la Maison Jean Lapointe indique que l’artiste a produit une centaine de spectacles, donné plus de 15 000 représentations au Québec et en Europe, et enregistré 18 albums, ayant de surcroît joué dans une vingtaine de films et une quinzaine de séries.

«Perdre notre père est une terrible épreuve, mais de savoir que son héritage artistique et humaniste restera vivant dans le cœur des Québécoises et Québécois est réconfortant pour nous», a dit son fils Jean-Marie Lapointe.

Jean Lapointe a été un personnage hors de l’ordinaire autant par son talent que son humanisme. Aussi sied-il que le gouvernement du Québec lui offre des funérailles nationales pour permettre aux Québécoises et aux Québécois de lui rendre un dernier hommage amplement mérité.

vigile.quebec tribune libre 19 novembre 2022

Trump peut-il encore aspirer à l’investiture républicaine?

18 novembre 2022

Nonobstant l’élection partielle dans l’État du Michigan le 6 décembre, à la suite des élections de mi-mandat, les résultat n’ont pas vu déferler la vague rouge prévue dans les derniers sondages. Les démocrates ont remporté la majorité au Sénat, et les républicains, de justesse, à la Chambre des représentants.

Dans ce contexte décevant pour les républicains, envers et contre tous les grands stratèges du parti Républicain, fidèle à lui-même, Donald J. Trump a décidé de poser sa candidature à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2024. Toutefois, la majorité des commentateurs présents à la résidence de Trump en Floride ont souligné le manque de vivacité dans son discours. En réalité, l’ex-président n’a pas réussi à soulever les quelques centaines de personnes présentes pour entendre son allocution, ce qui est, pour le moins, inhabituel.

Les résultats déstabilisants aux élections de mi-mandat auraient-ils diminué les ardeurs de Trump, voire celles de ces supporters également? Les défaites de candidats de prestige supportés par Trump dans certains États névralgiques auraient-elles refroidi la base modérée de Trump?

Toutefois, il ne faut jamais oublier que Donald Trump est imprévisible et que seul lui connaît ses plans pour l’avenir. Cependant, je suis d’avis que la pente sera abrupte pour atteindre le sommet de la montagne avant les élections à l’investiture républicaine…s’il y a élection. Or, les rumeurs circulent à l’effet que le gouverneur de la Floride, Ron De Santis, serait intéressé à briquer l’investiture républicaine. Quoi qu’il en soit, les pièces sur l’échiquier peuvent bouger passablement d’ici deux ans! D’ici là, j’ai l’intention de suivre de près la stratégie de Donald Trump.

vigile.quebec tribune libre 18 novembre 2022
 

Effets collatéraux du mode de scrutin

18 novembre 2022

Dans l’état actuel des négociations, le Parti québécois, qui a fait élire 3 députés avec 14,6% du vote populaire, devrait se contenter d'un budget annuel de fonctionnement de 495 000 $, soit 7% de l’enveloppe budgétaire dédiée à cette fin. Par contre, l'opposition officielle libérale avec 20 députés et 14,3 % du vote recueilli aurait 4,4 millions $, soit 64% du budget, et Québec solidaire, qui a fait élire 11 députés avec 15,4 % du vote, aurait 1,9 million $, à savoir 28% de l’assiette budgétaire. Par ailleurs, sur le plan du temps de parole alloué à chaque parti d’opposition, dans l’hypothèse où le modèle proposé est mis en vigueur, pour chaque cycle de 100 questions, l'opposition libérale pourrait en poser 70, Québec solidaire 25 et le PQ 5.

Or, à la suite du scrutin du 3 octobre, de nombreuses voix de tous horizons se sont élevées pour dénoncer la distorsion flagrante entre le pourcentage de voix obtenus au suffrage et le nombre de députés élus, notamment eu égard au PQ, à savoir 14,6% du vote et 3 députés. De ce fait, les effets collatéraux d’un mode de scrutin inéquitable se répercutent inexorablement dans la proportion du budget de fonctionnement ainsi que que dans le temps de parole accordé aux partis d’opposition.

Nonobstant le fait que la réforme du mode de scrutin nécessite un processus de consultation générale, je suis d’avis que l’énoncé des règles établies pour l’attribution du budget de fonctionnement et le temps de parole accordé aux partis d’opposition pourrait être modifié rapidement par les chefs des quatre partis en tenant compte, cette foi, du pourcentage de votes obtenus lors du dernier scrutin. C’est une simple question d’équité!

vigile.quebec tribune libre 18 novemmbre 2022

Courte lune de miel pour Marie-Claude Nichols

17 novembre 2022

Le retour au bercail de la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, n’aura pas fait long feu. En effet, moins de 24 heures après l’annonce du retour de la députée au sein du giron libéral, le caucus a refusé l’offre du chef intérimaire Marc Tanguay.

Rappelons que cette offre consistait à scinder le poste de troisième vice-président de l'Assemblée nationale en mandats de deux ans au lieu de quatre tel que prévu entre les députés Frantz Benjamin et Marie-Claude Nichols, une offre qui a a fait sursauter M. Benjamain qui est même allé jusqu’à envisager de quitter le caucus libéral.

Depuis l’éjection de Marie-Claude Nichols du caucus par l‘ex-chef du PLQ Dominique Anglade, beaucoup d’encre a coulé dans les médias. Une histoire qui contribue à éclabousser le PLQ, lui qui peine à se remettre de la pire défaite électorale de son histoire le 3 octobre.

Pour sa part, la députée de Vaudreuil, qui a appris le revirement de situation par les médias, a décidé d’attendre l’élection du futur chef du PLQ avant de décider si elle refait le saut au sein du caucus du PLQ… Comme le dit si bien le proverbe, « Chat échaudé craint l’eau froide ».

vigile.quebec tribune libre 16 novembre 2022
Le Devoir (version abrégée) 17 novembre 2022

Le français face au bilinguisme

17 novembre 2022

La nouvelle mouture de la loi 101 est claire : les grandes entreprises de juridiction fédérale de 50 employés et plus installées au Québec ont jusqu’au 1er décembre pour s’inscrire auprès de l’Office québécois de la langue française (OQLF), en vertu des nouvelles exigences découlant de la réforme de la langue française.

Or, parallèlement à cette réforme, Ottawa a entrepris, depuis 2019, une réforme de la loi sur les langues officielles au Canada qui seraient adoptée avant les vacances des Fêtes. Or, Air Canada, le Canadien Pacifique, le Canadien National et Via Rail ne sont toujours pas inscrits auprès de l’OQLF.

Les compagnies récalcitrantes se retrouvent donc devant deux scénarios : ou elles se rangent du côté de la loi fédérale qui prône le bilinguisme sur les lieux de travail, ou elles vont vers la loi 101 qui exige la connaissance du français en ces mêmes lieux de travail. Inutile d’être devin pour connaître le choix des transporteurs ferroviaires et aériens nommés ci-haut.

Québec se retrouve encore une fois relégué au second plan pour une question linguistique, à savoir le français ou le bilinguisme, la porte de sortie idéale pour les compagnies à dominance anglophone qui ne se bousculeront pas au portillon pour remplir les classes de français.

À mon avis, Québec fait face à un vice de procédure en ce sens que le projet de loi C-13 d’Ottawa, soit la réforme de la Loi sur les langues officielles au Canada, préconise le bilinguisme, et ne peut de la sorte être une alternative à la loi 101 qui, elle, exige l’utilisation du français pour les compagnies sises sur le territoire du Québec. En termes clairs, on ne peut pas comparer des tomates avec des oranges!

vigile.quebec tribune libre 16 novembre 2022